Depuis l’investiture du Chef de l’Etat dans ses nouvelles fonctions, il plane toujours un doute sur la vraie nature du compromis politique intervenu pour marquer sa marge de manœuvre politique sur les matières régaliennes que lui assigne la Constitution, en collaboration avec le premier Ministre.
La pratique du pouvoir au sein de l’Exécutif dans toutes les démocraties sous régime semi-présidentiel consacre le Président de la République Chef de l’Exécutif pour présider le Conseil des Ministres et le Premier Ministre comme Chef de Gouvernement pour la gestion courante de l’action gouvernementale ou exécutive. Dans cette pratique politique courante, le Premier Ministre est l’interlocuteur privilégié du Président de la République dans la collaboration aussi bien pour la définition de la politique de la Nation que pour le gestion des domaines régaliens, à savoir la défense, la sécurité et les affaires étrangères.
La position actuelle du Chef de l’Etat souffre d’une double transposition du pouvoir à la fois politique et gouvernementale. Au niveau politique, son rôle prépondérant en tant que Chef de la majorité présidentielle est en couplage avec celui du véritable Chef de la majorité parlementaire, en la personne de l’ex-Président.
Au niveau gouvernemental, Son poids managérial en tant que Chef de l’Exécutif se trouve confronté à une doublure du rôle du Premier ministre issu de la majorité parlementaire, mais répondant de fait à son autorité morale, l’s-Président de la République, et surtout bénéficiant d’une portion dominante de portefeuilles ministériels.
En effet, le Chef de la majorité présidentielle vit la lourde épreuve du mauvais positionnement au sein de la coalition. Il ne lui est reconnu que rôle d’arbitrage entre les forces dominantes expérimentées du FCC et celles minoritaires débutantes de CECH. Sa marge de manœuvre politique est limitée à un accommodement à la volonté de son puissant prédécesseur, qui contrôle encore les leviers du pouvoir de commandement aussi bien dans l’armée, la sécurité, la justice, la territoriale que ceux du pouvoir d’argent et d’influence sur le personnel politique.
Ainsi par exemple, dans l’épreuve de partage de portefeuilles ministériels, la majorité parlementaire aile-FCC s’est taillée au gouvernement, de manière disproportionnée, d’importants portefeuilles de souveraineté : Défense, justice, Ministre Délégué à l’intérieur et aux Affaires coutumières, Décentralisation, des portefeuilles stratégiques : Finances, Commerce Extérieur , Industrie ; des portefeuilles techniques les plus substantiels : Infrastructures et Travaux Publics, Aménagement du Territoire, Urbanisme, Transports et Voies de Communication, Pêche et Elevage, Développement Rural, Coopération et Intégration régionale, Enseignement Supérieur, Enseignement Secondaire, Recherche Scientifique, Fonction publique ; des portefeuilles socio-culturels : Action humanitaires et Solidarité, Emploi , Sports, Culture et Environnement.
Tandis que le CACH, du côté UDPS et alliés, n’a obtenu que les Ministères sous recadrage des puissantes administrations y afférente, notamment celui de l’intérieur recadré par le Gouverneurs et la Territoriale, le Secrétariat Général, le Commandement de police, la Direction des services spécialisé sous contrôle du FCC, celui des Affaires Etrangères sous régime de partage avec les membres du corps diplomatique encore sous contrôle du FCC, le Ministère de la Santé, le Ministère des Affaires sociales, le Ministère des Hydrocarbures, le Ministère de l’Economie, le Ministère de l’Agriculture et celui des Poste et Télécommunications sous contrôle technique des services hautement spécialisée et jadis promus par le pouvoir précédent.
Et du côté de l’Allié UNC, plus malin, il a pu glaner quelques bonifiant portefeuilles mais aussi fortement dépendants d’autres ministères : celui du Budget aux bons soins d’exécution de celui des Finances, ceux des Hydraulique et d’Energie sous emprise technique de puissante régies énergétiques, notamment la SNEL et la Régideso, celui de la Communication et Médias en sous-traitance du Secrétariat du Gouvernement.
Il faut être un génie politique exceptionnel pour réussir à changer cette combinaison d’interfaces plurielles liant le Président en fonction avec le doublon de l’ex-président et le Premier Ministre pour sortir de cette inextricable relation binôme entre l’ex-Président de la République et le Premier Ministre dans l’exercice du pouvoir exécutif et particulièrement opérer de réformes tant attendues par le peuple dans l’armée, la sécurité, la justice et de mener les luttes promises contre la corruption, contre la pauvreté, pour l’accès des populations à l’éducation et à la santé, ainsi qu’aux services publics de qualité.
La relation apaisée tant clamée entre le Président de la République et son prédécesseur ne peut préserver le pays de l’gouvernabilité politique et n’augure pas surement la réussite du mandat présidentiel en cours vivement redoutée par le tenant du régime précédent. L’immobilisme politique est nettement perceptible dans plusieurs ratés observés dans la gestion des finances publiques et dans l’exécution des politiques d’intérêt général comme la gratuité de l’enseignement primaire et dans celle des travaux publics comme les routes en réfection et les sauts-de moutons.
Il y a trois stratégies possibles du nouveau pouvoir pour faire face à une coagulation de la coalition FCC-CACH, au moment où celle-ci est figée et ne répond plus aux attentes de l’une ou l’autre partie en présence.
La première stratégie est celle de l’épreuve de bonne foi entre le Président en exercice et l’ex-Président, pour la sauvegarde du statu quo transitoire qui protègerait les intérêts politiques actifs de deux protagonistes. Il s’agit pour le premier de valider le programme de sa mandature réputé répondre avec modération et parcimonie aux attentes de ses électeurs majoritaires et pour le second de garantir dans une certaine marge les acquis du régime précèdent.
Il ne reste pas moins vrai que la stratégie de bonne foi ne peut payer que lorsque les principaux protagonistes en présence ou en coalition partagent les mêmes repères de vision politique et de gouvernance pour l’intérêt général. La fallacieuse vision partagée de la sociale démocratie et de l’humanisme entre l’ancien et le nouveau pouvoir ne trouve aucune justification tant qu’on sait comment elle était pratiquée tout au long du pouvoir précédent.
La sociale démocratie pratiquée suivant l’idéologie de PPRD n’a été ni dans la logique du partage social comme le démontre la généralisation de la pauvreté et l’émergence des grandes richesses sans cause ni dans celle de la régulation du marché financier. Ce dernier s’est illustré outrancièrement par l’accaparement des vastes terres paysannes et par la collusion ou la compromission avec les tenants du pouvoir dans la privatisation honteuse des richesses nationales.
Mais aussi, l’humanisme tant vanté n’a été marqué durant le régime passé que par des violence les atroces que la pays n’ait jamais connu depuis son indépendance, en termes de dégradation de conditions humaines, de privation de libertés et de pertes de vies humaines survenues pendant près de vingt ans du précédent régime et particulièrement durant les cinq dernières années de la lutte pour l’alternance politique.
Si c’est ce modèle de sociale démocratique et de l’humanisme que se targue à partager le nouveau pouvoir, on peut déjà bien deviner quelles sont les dérives politiques, les issue sociales et économiques aux quelles le peuple congolais d’abord devra s’attendre. Et si par modération dans l’intérêt de la coalition ou par accoutumance aux vieilles habitudes de l’ancien régime, que le nouveau pouvoir s’en accommode, les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est tout à fait évident que la messe sera déjà bien dite et que le peuple d’abord sera le peuple ensuite.
Alors, se prévaloir d’être le timonier de l’alternance Démocratique est un déni de l’histoire politique la plus récente qu’aucun congolais patriote ne peut admettre tant les souffrances sont encore vives dans la chaire et la mémoire de chacun, même dans celle de ceux qui ont, aujourd’hui, accédé au pouvoir au prix d’abnégations et du sacrifice ultime de sang des Congolais.
Mais si la barre du gouvernail et de la gouvernance est reprise du bon coté par le nouveau pouvoir, ce qui est le souhait du peuple congolais et de la communauté internationale, il y a lieu de se épreuve, de laquelle seul l’engagement du peuple au côté du nouveau pouvoir fera vaincre de la conjuration du mal passé et à venir.
Le choix politique du nouveau pouvoir pour redresser la voie de la coalition gouvernementale est donc une question d’engagement populaire, duquel dépendent les issues favorables au peuple d’abord.
Mais, dans le cas d’espèce, ce choix politique se bute à un handicap majeur, notamment celui de poursuivre la politique du changement avec les mêmes hauts cadres des services appelés à assurer la défense de la Constitution, en occurrence la Cour Constitutionnelle et les Organes de lois avec ceux chargés de lois, avec ceux chargés de la gestion de l’intérêt général et du respect des droits de la personne humaine, ainsi que de la promotion du bien commun et de la paix.
A ce sujet, aux prescrits de l’article81 de la Constitution, le pouvoir du Président de la République sur les nominations et les révocations de fonctions d’ambassadeurs, d’officiers généraux de l’armée et de la police, du Chef d’Etat-major général et autres commandants de grandes unités de forces armées, de responsables de services et d’établissement publics, les mandataires d’entreprises publiques s’opèrent sur proposition du Gouvernement délibéré en Conseil de ministres.
De même, la défense, la sécurité et les affaires étrangères constituent les matières de collaborations entre le Président de la République et le Gouvernement, étant entendu que celui-ci conduit la politique de la Nation et assume seul la responsabilité devant l’Assemblée Nationale.
La meilleure des hypothèses de la stratégie de bonne foi est celle où les répondants hiérarchiques respects se conforment à la bonne conduite pour l’apaisement par des concessions réciproques sans réduire à minima la chance de réussite du Président en fonction et sans menacer à maxima les acquis substantiels aux tenant du pouvoir précédent, à l’exemple d’atteinte à leur libertés par des tracasseries politiques ou administratives et à celui d’expropriation de leurs propriétés légalement acquises.
Mais , la question la plus judicieuse pour mener à bien cette stratégie de bonne foi est celle de savoir que fait le nouveau pouvoir si les intéressés s’exposent, en bonne et due forme, à des poursuites judiciaires pour avoir porté atteinte aux liberté des autres citoyens et si leur acquis sont bâtis sur les détournements de derniers publics ou sur d’autres abus par corruption ou par mauvaises gestion flagrante de l’intérêt général.
A tout bon sens commun, la limite de la stratégie de bonne fois pour un statut quo transitoire se mesure à la complexité de cette équation où les injustices et les perversions commises par les nombreux tenants du pouvoir précédent ne peuvent dans un Etat de droit reste impunis.
Puisque l’impunité ne peut constituer le fondement légal et légitime d’un Etat de droit. Mais alors que fait-on ou que fait le nouveau pouvoir conduire à un Etat de droit avec un lourd passif du pouvoir précédent ?
Cette question ne peut se résoudre que par une deuxième stratégie dite de corps de poing proportionnels. Car, les grands maux du passé et du pouvoir actuel doivent subir la même rigueur de la loi de redevabilité et de responsabilité au cas par cas.
Le Président Laurent Désiré Kabila avait appliqué cette stratégie de coups de poing, où les anciens dignitaires du régime Mobutu répondaient à la justice de leurs abus de pouvoir autant que ceux de ses proches collaborateurs qui en abusaient. Nombreux cas de ses ministres, certains de ses officiers supérieurs, ses conseillers spéciaux et mandataires publics nommés avant ou pendant son règne avaient été exposés à degré divers aux poursuites judiciaires suives parfois de mises aux arrêts.
Le dérapage pour l’application de cette stratégie de coups de poing sous régime du Laurent Désiré Kabila était survenu lorsque ses plis proche collaborateurs avaient trempé dans des rébellions par procuration, en complicité avec les anciens du régime Mobutu et surtout soutenues par l’extérieur.
La troisième stratégie est celle de la tabularasa, que, jusqu’ici, seul le Président Joseph Kabila, l’avait expérimentée pendant son règne, après avoir enduré une éprouvante transition de trois ans sous régime de 1+4 de 2003 à 2006.
En guise de conclusion, il peut être dit que la première alternance démocratique est intervenue après une long lutte de près de 40 ans. Mais, les avatârs du passé récent surplombent encore les poussées démocratiques le plus pressantes pour les besoins de changement attendus par le peuple, mais aussi les plus périlleuses si les tenants du pouvoir passé ne mesurent pas les aspirations populaires au changement radical comme le disait le Lider maximo Etienne Tshisekedi.
Les risques d’un éventuel échec du mandat du Président Félix Tshisekedi et la suite de sa non-reconduction à un prochain mandat sont de loin moins catastrophiques que ceux qui surviendraient par la volonté délibérée du pouvoir précédent à encourir ou à concourir au grand raté de cette alternance démocratique obtenue par le peuple au grand sacrifice de graves humiliations et de privations, aussi qu’à celui de son sang.
En effet, avec le control actuel de la majorité au parlement, au Gouvernement et au Judiciaire, ainsi qu’avec celui de toutes les entreprises publiques et les services publics, y compris les services spécialisés, on reprocherait surement au Président Félix Tshisekedi de ne pas avoir pratiqué la stratégie de tabula rasa, mais au vue du peuple congolais, la cause du mal se trouvera toujours au péché originel du pouvoir précédent. Pensez-y froidement !
C’est la condition nécessaire pour mettre fin à l’ingouvernabilité politique afin de préserver le Président en fonction du blocage de réformes institutionnelles tant souhaitées par la population dans la diplomatie, l’armée, les services de sécurité, l’Administration et les entreprises publiques.
L’expérience vécue à la première année du mandat présidentiel a été éprouvante, mais la manœuvre a été satisfaisante pour un certain apaisement politique. Les deux prochaines années seront plus exigeantes pour affronter les échéances électorales précédées d’une troisième année de bilan politique du Chef de l’Etat sur le plan social, économique et sécuritaire.
L’une des plus grandes faiblesses de la coalition actuelle FCC-CACH réside dans cette transposition du pouvoir de l’Exécutif exercé en collaboration entre le Chef de l’Etat et le Premier Ministre au pouvoir informel de l’ancien Président de la République, faisant de lui une gênante à l’exercice du pouvoir du Chef de l’Etat dans tous les domaines de la collaboration avec le Premier Ministre.
Trois stratégies peuvent être envisagées
C’est pour cette même raison d’assurance politique et de sérénité dans la gestion et dans l’exercice du pouvoir d’Etat que l’application du scrutin à deux tours permet de mieux procéder au regroupement des partis gagnants par rapport aux perdants que celle du scrutin à tour unique, dont la précarité au parti gagnant à l’élection présidentielle est évidente.
Le Président de la République a eu le mérite d’en faire utilement allusion lors de son discours sur l’état de la Naticn, puisque ce mode de scrutin est la clef de voute d’un bon système démocratique.
Mais l’opinion publique et une grande partie d’analystes politiques se posent la question de savoir comment y parvenir avec un parlement dont la majorité dans les deux chambres est acquise au scrutin à un seul tour.
En revenant sur le fait, il y a toujours lieu de se questionner sur l’issue de la coalition, dont on craint de plus en plus une prédominance de positions soutenues par le FCC, comme l’indique la composition du gouvernement actuel et de la haute juridiction totalement acquise à l’ancien Président.
Sans pronostiquer sur le dénouement d’une éventuelle épreuve de force entre le FCC et CACH en cas de divergences marquantes au sein de la coalition, nombreuses considérations sont évoquées pour justifier la crainte d’une posture politique de la coalition largement favorable à l’aide la plus radicale du FCC, autant qu’on redoute au sein de CACH, et au niveau de sa haute Direction un enclin au culte et à l’exubérance en faveur du Président sortant attribué particulièrement au leader de l’UNC.
En effet, l’excès en pouvoir des postes normalement dévolus au Chef de l’Etat ou postes réservés au partage déséquilibré au sein du Gouvernement ne pourrait se justifier dans un régime semi-présidentiel à un si haut niveau de dispensation de parts importantes de portefeuilles à la seule composition alliée du FCC.
Jean-Marie Nkashama KOYI / la prospérité