L’expérience aura été une première en République démocratique du Congo, voire en Afrique. L’organisation de la chasse au Trésor francophone, sous la houlette du Campus numérique francophone de Kinshasa (CNFK). Vaillamment remportée par trois étudiants de l’Université catholique de Kinshasa (UCC) le vendredi 31 mars dernier, l’épreuve a mobilisé plus de quatre-vingts étudiants provenant de plusieurs établissements de l’Enseignement supérieur et universitaire de la ville.
Quand le jury de la 1ère édition de la chasse au Trésor francophone de Kinshasa annonce l’équipe gagnante de la compétition dans la soirée du 31 mars, Béni Bobanga, Isaac Bokwala et Julia Bolena sont aux anges. Devant une centaine de spectateurs agglutinés autour du podium érigé dans l’enceinte de l’Institut français de Kinshasa, les trois étudiants de 1ère licence en droit à l’UCC poussent un ouf de soulagement, après une journée parsemée d’obstacles.
Juchés sur la tribune, ils reçoivent chacun un ordinateur portable, premier prix de ce jeu organisé en cette dernière journée du mois de la Francophonie.Face à la presse, les trois membres de ’’Trimo’’ (le nom du groupe gagnant) esquissent un sourire de satisfaction et remercient de tout cœur les organisateurs de cette édition, réunis au sein du comité directeur du Campus numérique francophone de Kinshasa (CNFK).
SATISFACTION
"Nous sommes très contents et très reconnaissants envers Dieu que nous avons prié le matin, avant de nous engager dans cette épreuve. C’est le fruit de beaucoup de travail, de patience, d’abnégation et de persévérance. Pour découvrir tous les neuf sites de référence dans la sphère francophone de la capitale, nous avons dû répondre aux énigmes proposées par les organisateurs. Nous avons, par ailleurs, été contraints de faire le pied, de prendre la moto, de négocier le taxi... au point de vider toutes nos poches. C’est donc avec satisfaction que nous rentrons à domicile avec des cadeaux bien mérités. Nous ne pouvons qu’en remercier les organisateurs", se réjouit Béni Bobanga.
"On se disait qu’on n’avait rien à perdre en prenant part à ce concours. Comme tous les autres compétiteurs, nous avons reçu des tee-shirts, des casquettes, des badges…En plus, grâce à ce jeu, j’ai découvert des lieux de la francophonie que j’ignorais", reconnait Isaac Bokwala, qui se rappelle avoir déjà gagné un ordinateur et un dictionnaire, lors d’une dictée organisée à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie le 20 mars 2013 à Kinshasa.
"Moi, je me fatiguais à tout moment. J’avais faim et tenais à prendre des taxis le plus fréquemment possible. Mais, grâce à la ténacité de mes amis, j’ai persévéré jusqu’au bout avant la victoire finale", lâche, tout émue, Julia Bolena.
DIX GROUPES PRIMES
Au total, dix groupes, constitués de trois étudiants chacun, ont été primés par les organisateurs à l’issue de la chasse au Trésor francophone. Il s’est agi respectivement de Trimo (l’UCC), du Cartel (UPC), des Hippopotames (UPN), des Oscars (ULK), de Palo alto (ULK), des Etoiles filantes (UCC), de Cocorico (IFASIC), de Triumvirat (IFASIC), de Cursus honorum(IFASIC) et des Tigresses (IFASIC).
Si la première équipe a obtenu des ordinateurs portables, la deuxième a perçu un chèque de 300 dollars américains. Les autres lauréats ont reçu des téléphones portables, des gourdes suisses, des dictionnaires, des romans… offerts notamment par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le Centre Wallonie-Bruxelles (CWB), l’Institut français, l’ambassade suisse, l’ambassade du Canada, CEDESURK, Rawbank...
PLUS DE 80 CANDIDATS
Lancée à 8h00, la chasse au Trésor francophone de Kinshasa était, au départ, prévue pour 60 candidats de 18 à 28 ans qui devraient être répartis en 20 équipes de trois personnes. Face à l’affluence inattendue, les organisateurs ont revu à la hausse le nombre d’équipes, passé de 20 à 27 avec 81 postulants.
Selon Nelly Mbiya (28 ans), une des organisatrices, ’’la chasse au Trésor francophone de Kinshasa réside en un jeu de piste. Elle consiste à découvrir un site qui a une histoire avec la francophonie, à travers des indices fournis par des organisateurs, en collaboration avec nos partenaires (ceux qui ont accepté de sponsoriser l’évènement et ceux qui ont concédé leurs sites pour le parcours et pour accueillir les sphinx, ces bénévoles recrutés parmi les anciens volontaires francophones, les membres de la Jeunesse francophone congolaise et quelques collègues de Cedesurk’’.
Au total, ils sont au nombre de 18, répartis sur 9 sites (Gare centrale, Place des évolués, Maison de savoir de Kinshasa, WBI, Espace Texaf Bilembo, Délégation générale à la Francophonie, Théâtre de verdure, Lycée Libanais, Rawbank UPC), disséminés à travers trois communes : Lingwala, Gombe et Ngaliema.
LES CONSIGNES
"Le débriefing du matin consistait, d’après Nelly Mbiya, à indiquer aux candidats en quoi consistait le jeu et leur donner des consignes à respecter. On leur a remis des kits de terrain pour la reconnaissance (tee-shirts, kepis, badgets) et pour les renseignements (deux indices par énigme pour les guider vers les lieux, un map pour les montrer qu’il y a des lieux où il ne faut pas se rendre...)".
D’après Elodie Bamowongo, un des membres du comité organisateur, les chasseurs - 81 au total et regroupés selon leurs établissements d’origine (UNIKIN, ULK, IFASIC, UCC, UPC...), ont tous les moyens pour découvrir les sites : téléphones, ordinateurs... Mais une fois sur un des sites, le groupe de chasseurs est tenu de rencontrer l’équipe des sphinx, constitués de deux par site.
"Là, les chasseurs tirent au sort un questionnaire dans le boitier et les tendent aux sphinx pour découvrir la question à quatre assertions. S’ils réussissent, les chasseurs gagnent des points et peuvent oser une deuxième tentative pour ajouter des points. S’ils échouent, au premier questionnaire, on leur donne une nouvelle chance pour tirer un autre questionnaire", commente ce membre du bureau national de l’Agence universitaire de la Francophonie.
HISTORIQUE
"Initiative de l’Institut français de Bucarest (en Roumanie) à travers les lecteurs (encadreurs de la langue française dans les universités, la chasse au trésor a démarré en 2006, explique Réné Manassé Galekwa, 29 ans, l’un des organisateurs. L’expérience a été implémentée à Sofia (capitale de la Bulgarie). C’est là où j’ai connu ce jeu lorsque j’y suis parti comme volontaire international de la Francophonie en 2012".
"C’est exactement en 2013 que j’ai participé personnellement à l’organisation de la première édition de ce jeu dans ce pays, poursuit Réné Manassé Galekwa. Nous étions quatre à organiser cette épreuve. Il y avait moi, un Congolais de l’OIF, deux françaises de l’Institut français et un lecteur belge du Centre Wallonie-Bruxelles de Sofia. C’est fort de cette expérience que j’ai proposé cette idée à mes collègues du bureau de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) de Kinshasa en février 2017. Une fois d’accord, nous avons commencé à chercher des partenaires jusqu’à ce que ce jeu concours a pris corps".
UNE ACTIVITE PHARE DE LA FRANCOPHONIE
Plus qu’ému, le responsable du Campus numérique francophone de Kinshasa a tenu à rendre hommage à la jeune équipe des volontaires francophones de son comité qui ont initié ce jeu pour boucler le mois de la Francophonie. "Je ne m’attendais pas, dit-il, à ce que cette activité soit un succès, alors qu’elle a été organisée à la hâte. Elle a permis aux nombreux jeunes présents de se conformer au thème annuel de l’OIF : "J’aime, je partage mon 20 mars"".
Pour sa part, le Délégué général ai à la Francophonie en RDC salué également cette initiative promue par des jeunes congolais de l’Agence universitaire de la Francophonie. Colin Kandolo a dès lors promis de faire de la chasse au Trésor une activité phare à la prochaine édition de la Francophonie.
Yves KALIKAT / forum des as
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