C’est l’armée ougandaise qui l'annonce dans un communiqué officiel. Le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major et fils du président Yoweri Museveni, a rencontré mardi 22 avril, près de Kampala, en Ouganda, une délégation présentée comme des « dirigeants de la Codeco », une milice active en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), et particulièrement meurtrière. Ces dernières semaines, la milice Codeco et les forces ougandaises (UPDF) se sont affrontées dans plusieurs zones frontalières.
Dans son communiqué, l'armée ougandaise affirme qu'il s'agit d' « une étape importante dans les efforts de paix régionaux en cours ». La délégation reçue à Entebbe aurait même « exprimé ses regrets » concernant les récents affrontements avec l’UPDF.
Mais la prudence reste de mise. À la tête de cette délégation figurait Etienne Dunji Kulukpa, vice-président de la communauté lendu. Un notable civil, selon les autorités ougandaises, bien que la milice Codeco, essentiellement composée de membres de cette communauté, prétende défendre leurs intérêts. Sur une photo diffusée à l’issue de la rencontre, apparaît également Alfred Bahati, un commandant de terrain de la milice.
Cependant, la milice Codeco est divisée en plusieurs factions. Ce midi, l’un des porte-parole du mouvement, Gerson Basa Zukpa, a réagi au micro de RFI. « L’état-major du mouvement n’avait pas été informé. Nous avons été surpris de voir l’un de nos commandants sur les photos. Nous ignorons qui l’a mandaté, ni quel est l’objectif de sa mission. »
« Je ne trouve aucun inconvénient dans cette démarche qui vise l'arrêt des hostilités en Ituri dont l'auteur principal reste Codeco », estime de son côté Dieudonné Lossa, responsable de la société civile de l'Ituri. « Ce qui importe, c'est la paix pour l'Ituri », conclut-il.
Une guerre d’influence
Les forces ougandaises sont déployées en Ituri depuis février, d’abord à Bunia, puis à Mahagi, des localités proches de réserves pétrolières stratégiques et de la route nationale 27, un axe vital pour les intérêts économiques ougandais.
Ce déploiement militaire, combiné aux ambitions régionales affichées par Kampala, alimente les soupçons. Le général Muhoozi lui-même a récemment qualifié l’Ituri de « zone d’influence » pour l’Ouganda.
Des craintes renforcées par la création, à Kampala, d’un nouveau groupe armé : la Convention pour la révolution populaire (CRP), dirigée par Thomas Lubanga, ex-chef de guerre. Selon un rapport des Nations unies, ce dernier entretiendrait des liens avec l’AFC/M23, autre groupe rebelle actif dans l’est de la RDC.
rfi