Il s’agit essentiellement de pêcheurs congolais de la localité lacustre de Kyavinyonge en territoire de Beni, arrêtés par la marine ougandaise lors de leurs activités sur le lac Édouard. Ils ont successivement été conduits en Ouganda. Les uns y sont depuis de nombreux mois déjà, d’autres depuis quelques jours seulement.
Au cours de la seule semaine qui vient de s’achever, une nouvelle vague de 21 pêcheurs a été appréhendée par les forces ougandaises qui les ont par la suite emmenés. Comme pour les arrestations précédentes, leur faute est d’avoir violé, selon les autorités ougandaises, la frontière liquide entre les 2 pays, l’Ouganda et la RDC.Pourtant, de nombreuses tractations engagées par les autorités de République démocratique du Congo et celles de l’Ouganda ont semblé aboutir à des compromis porteurs d’espoir. Mais, hélas que les signaux ne semblent pas bouger de l’autre côté.
Le premier cas de la semaine passée remonte au mardi 31décembre 2020 au cours duquel 12 pêcheurs qui étaient à bord de 4 moteurs de pêche motorisés ont été acheminés en cellule dans le district de Katwe(Ouganda). Le second est celui du samedi 4 janvier dernier. Pour ce cas, il s’agit de 9 autres Congolais qui opéraient avec les pirogues de pêche d’immatriculation congolaise 646, 589, 414 et qui ont été surpris par les armateurs ougandais. A en croire les autorités militaires au sein de la marine ougandaise, contactées au téléphone par Le Potentielonline.net, ceux-ci seront déférés devant la justice avant de connaitre leur sort, la condamnation ou la libération au moyen d’une caution qui sera fixée par l’Ouganda selon le cas.
Le cri plaintif des habitants
Localement à Kyavinyonge, la population se plaint. Selon le vice-président du comité des pêcheurs, la vie des Congolais œuvrant sur les eaux du lac Édouard est de plus en plus en danger, consécutivement au nombre de ceux qui ont jusque-là été arrêtés. Monsieur Kambale Nyerere Josué parle également d’un montant considérable que les autochtones ont dû débourser depuis le début de ces arrestations en vue d’obtenir la libération de leurs compagnons de pêche. Cela, dit-il, a beaucoup joué sur l’économie des habitants sur place. De l’autre côté, il indique que des familles ont du mal à survivre pour autant que ce sont les pères qui restent en captivité en Ouganda.
Rejetant en bloc les accusations de la partie ougandaise qui parle des violations de ses frontières lacustres, le vice-président des pêcheurs demandent au gouvernement congolais d’agir sans attendre pour sauver une situation qui empire.
« La pêche est devenue très difficile chez nous ici avec les Ougandais. Ils nous rendent la vie très difficile. Dans une semaine seulement, ils viennent d’arrêter 7 pirogues. Que notre gouvernement prenne langue avec l’Ouganda pour que les limites lacustres soient clairement définies pour qu’on sache réellement celui qui viole cette limite. Parce que pour toutes les arrestations, les Ougandais disent que nous avons traversé chez eux. Nous on ne comprend pas », dit-il.
Il faut indiquer que l’arrestation de ces 21 pêcheurs intervient alors qu’au moins 78 autres pêcheurs de Kyavinyonge purgent encore leur peine dans le même pays. Ce qui porte à 99, le nombre des ressortissants congolais cloués dans les geôles en Ouganda, en plus de pertes économiques importantes qui ont été documentées, évaluées à plusieurs centaines de dollars américains dépensés lors des tentatives de libération de ces prisonniers congolais.
Les pêcheurs de Kyavinyonge et d’autres du lac Édouard regrettent qu’en dépit de la visite de Félix Tshisekedi à son homologue Yoweri Museveni au cours de laquelle les 2 chefs d’États ont discuté de cette question, les faits ne sont jamais perceptibles sur le terrain.
Charles M. Bin Kisatiro, correspondant à Beni / LP