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Dire qu’il n’y a eu qu’un coup d’Etat en Zambie vient du fait qu’il n’y a pas eu d’analyse adéquate. Il y a eu en fait deux coups d’Etat en Zambie, même s’ils ne sont pas reconnus comme tels, car seul le coup d’Etat de type militaire a été identifié. L’Afrique a certes connu de nombreux coups d’Etat militaires violents, lesquels ont été la principale voie du changement de régime, en particulier en Afrique de l’Ouest, mais d’autres formes de coups d’Etat sont ignorés comme tels. Il serait tant d’oser qualifier les choses.

Certains de ces coups d’Etat militaires sont financés ou provoqués par des forces étrangères, comme ceux du Ghana en 1966 (le renversement de Kwame Nkrumah) et du Congo en 1961 qui a renversé Patrice Lumumba. Le Nigeria et le Ghana croulent sous le nombre de coups d’Etat militaires. Les dictatures militaires s’incrustant, le changement passe par un autre coup d’Etat militaire.

Mais il y a eu un autre type de coups d’État qui n’a pas été reconnu, notamment en Zambie et en Tanzanie et d’autres pays: le coup de la domination du parti unique. Le fait que ce type de coup d’Etat n’est pas violent ne veut pas dire que ce n’en est pas un car il modifie les principes fondamentaux de la dynamique politique, des libertés civiles, des modes de gouvernance et du changement de régime. Ces coups sont lancés d’en haut, sans un référendum ou un vote populaire. La Zambie, la Tanzanie, le Malawi et d’autres pays comme le Kenya sont des exemples typiques de coups d’État via la domination du parti unique.

 

Après le coup d’État de 1972, la Zambie est retournée à la démocratie multipartite en 1991. Le deuxième coup d’Etat en Zambie est passé paisiblement sous le règne du Président Chiluba quand il a effrontément truqué les élections de 2001. M. Chiluba avait déclaré ouvertement dans une interview avec Shaka, sur la radio Voice of America, qu’il avait truqué les élections de 2001 ce qui a permis de porter Mwanawasa à la présidence. Truquer une élection par le régime au pouvoir est aussi un coup d’Etat puisque sans cela le pouvoir et la gouvernance auraient éventuellement changé de mains. Bien sûr, la politique est sale comme les colonialistes ont l’habitude de nous le rappeler. La politique n’est pas faite pour les faibles de cœur. Mais le trucage des élections doit être reconnu pour ce qu’il est vraiement: un coup d’Etat par le parti au pouvoir dans le but de se perpétuer au pouvoir. Ce genre de coup d’Etat est ce qui maintient le président Mugabe au pouvoir puisqu’il avait perdu clairement une élection face à Morgan Tsangirai.

En Côte-d’Ivoire
, un autre parti au pouvoir a voulu s’incruster au pouvoir, refusant les résultat des urnes en se maintenant de force. Il n’a pas réussi et a fini dans les griffes de la Cour pénale internationale.

Il y a encore un autre type de coup d’Etat qui est en train de réussir au Rwanda, où un régime a soudoyé ses législateurs afin de modifier la Constitution et permettre au chef de repousser la limite de deux mandats prévue par la Constitution. Il a suivi l’exemple du président Museveni en Ouganda. Chiluba a tenté le même coup en Zambie en 2000/01, ce qui a conduit à l’émergence du Front patriotique (PF). Ce que Kagamé a réussi au Rwanda, il a échoué en Zambie, au Nigeria, en Namibie et d’autres endroits. Cela peut réussir en la République démocratique du Congo. Au Burundi, ce type de coup d’État a été récemment imposé par la violence.

Il y a encore un autre type de coup d’Etat en réaction à l’absence de démocratie telle qu’elle est vécue en Libye, en Tunisie, en Egypte et d’autres pays lors de la dernière décennie: les soulèvements de masse teintés de religiosité. Ces coups populaires de masse sont inévitables.

Les coups d’Etat militaires de type violent sont de plus en plus rares en Afrique. Ainsi, l’Afrique doit se prémunir contre les coups susmentionnés : des régimes au pouvoir qui truquent les élections ou qui perpétuent les violences contre l’opposition en particulier pendant la période électorale de se maintenir au pouvoir. Chaque épisode de violence doit être consigné avec précision par l’opposition et la société civile pour une utilisation à la Cour pénale internationale ou la Cour des droits de l’homme ou tout autre tribunal africain. Les Cours suprêmes des pays africains, ou n’importe où d’ailleurs se sont montrées étrangement réticentes à remettre en cause les résultats des élections truquées ou obtenus par la violence.

Dr. Munyonzwe Hamalengwa, écrivain essayiste – Article initialement publié en anglais par African Executive – Traduction réalisée par Libre Afrique

 

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