Depuis quelques semaines, il est au cœur de l’actualité en République démocratique du Congo.
Silhouette fine, lunette noire chapeau de cow-boy, Moise Katumbi apparait souvent en look de rock star.
L’annonce de sa candidature à la présidentielle congolaise, censée se tenir avant la fin de l'année, occupe les manchettes de la presse mondiale.
Moïse Katumbi a été désigné candidat à la présidence par les opposants du G7 en mars 2016, et par les opposants d'Alternance pour la République en mai 2016. Il a lui-même annoncé sa candidature début avril.
Rupture politique
Ancien gouverneur de la province du Katanga dans le sud-est du pays de 2007 à sa démission en septembre 2015, M. Katumbi est un homme d’affaire prospère propriétaire du célèbre club de football Tout-Puissant Mazembé de Lubumbashi.
Ex-allié politique du président congolais, l’homme d’affaire est passé à l'opposition en septembre après un nouveau découpage territorial qui le prive de son titre de gouverneur.
Né en 1964 d’une mère congolaise et d’un père juif séfarade, Nissim Soriano, qui avait fui entre les deux guerres mondiales l’île de Rhodes alors contrôlée par l’Italie fasciste, pour s’établir au Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, de son vrai nom, est issu de l’ethnie Bemba.
Marié à Carine Katumbi, une belge d’origine burundaise, il est souvent décrit comme le « deuxième homme le plus puissant de la RDC après le président Kabila ».
Coqueluche des médias qu’il reçoit volontiers dans son fief de Lubumbashi, l’homme affiche désormais ses ambitions présidentielles sans complexe.
De quoi donner du fil à retordre au président Kabila mais surtout à son porte-parole Lambert Mende qui multiplie les déclarations sur le cas Katumbi.
Ennuis judiciaires
Le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, a annoncé début mai l’ouverture d'une enquête sur "le recrutement de mercenaires" étrangers, dont des Américains liés à Moïse Katumbi.
Selon lui, "un réseau avec une société basée en Virginie aux États-Unis" qui assure le recrutement des "mercenaires" spécialisés dans "la formation, le maniement des armes, comme agents de sécurité, ou gardes du corps".
Cette déclaration est survenue après l’arrestation d’un Américain et de trois autres étrangers présentés comme des gardes du corps de M. Katumbi, lors des manifestations contre le pouvoir à Lubumbashi.
Convoqué par le procureur général, Moïse Katumbi multiplie les allers-retours au Palais de Justice.
Protection de l’ONU
Craignant pour sa sécurité, le candidat à la présidentielle a sollicité la protection de la Monusco, la mission des Nations unies au Congo
"J'ai adressé une lettre à la Monusco pour solliciter leur protection car je suis en danger, ma sécurité n'est plus assurée. Je demande une enquête internationale indépendante pour démonter ces fausses accusations", a réagi jeudi l'opposant, les qualifiant de "basses manœuvres du pouvoir ", a déclaré l'ex-gouverneur de l'ancien Katanga début juin.
Selon la Constitution du pays, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, et dont le mandat se termine en décembre, n'a pas le droit de se représenter.
Depuis les élections législatives et présidentielle de novembre 2011 marquées par des irrégularités et des fraudes massives et ayant reconduit pour cinq ans M. Kabila et sa majorité à la tête du pays, le climat politique est très tendu.
Dans ce contexte, les ennuis judiciaires du célèbre opposant font craindre le pire aux observateurs.
Dans son film consacré à Katumbi, Thierry Michel, le réalisateur belge, auteur de plusieurs films sur le Congo, a déclaré que l’homme d’affaire, nouveau Messie africain au nom prédestiné, « symbolise ce nouveau leadership à la conquête du pouvoir par les urnes, de cette démocratie basée sur le business et le populisme ».
Reste à savoir si son rêve deviendra réalité face à Kabila et son régime
Avec BBC
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