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POLITIQUE

L'actualité Politique de la semaine en RDC

La chute était devenue inévitable, presque écrite à l’avance. Constant Mutamba Tungunga, a annoncé sa démission au Président de la République, Félix Tshisekedi à en croire plusieurs sources recoupées hier mardi 17 juin par le quotidien Forum des As. L’entretien, discret mais chargé, a duré près d’une heure.  La fin d’un épisode qui mêle ambitions politiques, affaires judiciaires et soupçons de détournement de fonds publics. C’est une scène à huis-clos qui scelle la fin d’un parcours ministériel aussi bref que tonitruant.

Moins d’une heure plus tard, le désormais ministre honoraire de la Justice et Garde des sceaux sortait du bureau présidentiel, plus seul que jamais, abandonnant son costume de justicier pour celui du suspect numéro 1. Le geste sera formalisé ce mercredi, par une lettre adressée à la Présidence et à la Primature. Un départ forcé, contraint par une série d’événements judiciaires qui se sont emballés en quelques jours, emportant avec eux l’un des visages les plus flamboyants du Gouvernement.

Nommé en mai 2024, Constant Mutamba incarnait à ses débuts l’image d’une autorité inflexible, un croisé de la rigueur dans un système souvent brocardé pour sa complaisance. Il promettait de rétablir l’ordre dans les finances publiques, de traquer sans pitié les détourneurs. Il parlait fort, brandissant des menaces, se faisait photographier avec un chien menaçant, prêt disait-il à «mordre» les corrompus. Le symbole était fort. Mais depuis peu, le chien est devenu muet, et son maître, acculé, fait face à la Justice.

L’affaire qui précipite sa chute est d’une gravité redoutable. À l’origine du scandale : un marché public de 29 millions de dollars, dont 19 millions auraient été versés pour la construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani. Ce projet, censé moderniser les infrastructures carcérales dans la Tshopo, n’a jamais vu le jour. Pas de chantier. Pas de maçons. Pas même une barrière plantée sur le terrain. S’ajoute à cela, une entreprise de construction, «Zion Construction», toujours introuvable. Car n’ayant ni bureau, ni personnel, ni site. Bref, une entreprise fantôme.

Le Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des crimes de l’Ouganda, le Frivao, avait été sollicité pour financer ce projet. Un fonds sous tutelle directe du ministère de la Justice, et donc placé sous la responsabilité de Mutamba lui-même. Pour le parquet, il ne s’agit pas d’un simple manquement. Plutôt d’une chaîne de fautes graves, d’une absence de contrôle, de légèreté coupable et complicité dans le détournement.

On rappelle que le 15 juin, l’Assemblée nationale a tranché. Par un vote sans ambiguïté, elle a levé les immunités parlementaires de Mutamba à la demande du procureur général Firmin Mvonde. Le lendemain, la Direction générale de migration recevait une note interdisant à Mutamba de quitter Kinshasa. Et dans l’ombre, un mandat d’arrêt se préparait.

En tentant de stopper l’élan judiciaire, le ministre avait joué une dernière carte. Le 10 juin, dans une lettre adressée à la Cour de cassation, il récusait le procureur général et plusieurs magistrats, invoquant une «inimitié manifeste» à son encontre. Une tentative restée sans effet.

Jusqu’au-boutisme, le ministre a tenté de se défendre. Deux longues séances d’audition au parquet, des lettres incendiaires adressées au procureur général, la récusation de plusieurs magistrats, la dénonciation d’un «complot politique». En vain. «Ses explications ont renforcé l’accusation», note le réquisitoire du parquet. Une phrase lourde, sèche et sans appel.

À travers cette affaire, c’est un bras de fer institutionnel qui s’est noué. Car, Mutamba en tant que Garde des Sceaux, était le chef hiérarchique de ceux qui ont désormais la charge de le poursuivre. Un ministre qui tombe pour corruption dans le silence glacé de la hiérarchie judiciaire, c’est une première de la gouvernance Fatshi. Et peut-être, un signal fort.

Mais pour l’opinion, c’est surtout une nouvelle gifle. Après tant de promesses de moralisation de la vie publique, le scandale Constant Mutamba vient renforcer la défiance. Sur les réseaux sociaux, les images de son chien de garde ont tourné en dérision. L’homme qui voulait traquer les voleurs publics est accusé d’avoir profité du même système. Un revers absolu.

Dans les cercles du pouvoir, on s’interroge déjà sur la suite. Qui remplacera Mutamba à ce poste stratégique ? Sans doute son vice-ministre Samuel Mbemba Kabuya qui va assumer l’intérim. Entre-temps, le nom de son successeur importe. Mais il faudra plus qu’un visage neuf pour apaiser les esprits. Car la tache laissée par cette affaire est grande. Elle écorne la crédibilité du gouvernement et réveille les vieux démons d’un système gangrené.

Quant à Constant Mutamba, il reste désormais confiné à Kinshasa, soumis aux enquêtes, cerné par les procédures. De ministre flamboyant à accusé sous pression, il incarne à lui seul les illusions brisées de l’anticorruption proclamée.

De justicier à suspect, le passage aura été rapide, brutal et profondément révélateur du climat de défiance qui règne entre institutions en République démocratique du Congo.

Ézéchiel Monteirious MONTEIRO / Forum des AS

 

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