L'étau se resserre sur le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, de plus en plus sous le contrôle de son prédécesseur Joseph Kabila
L'étau se resserre sur le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, de plus en plus sous le contrôle de son prédécesseur Joseph Kabila, qui dispose de tous les atouts pour revenir au coeur du jeu politique.
Ces jours-ci, la vie politique congolaise a une apparence et une réalité. L'apparence: celle d'un président de la République issu de l'opposition qui prend des mesures fortes après son investiture le 24 janvier. Deux opposants emprisonnés à l'époque du régime Kabila, Firmin Yangambi et Franck Diongo, sont ainsi sortis de prison vendredi et samedi en vertu d'une grâce présidentielle prononcée mercredi.
Mais la vie politique congolaise obéit aussi à la réalité des rapports de force et d'un accord passé entre Tshisekedi et Kabila: l'actuel président est encerclé de toutes parts par la plate-forme du Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur.
Majoritaire à l'Assemblée nationale et dans les Assemblées provinciales, le FCC pro-Kabila a raflé 84 sièges sur 100 au Sénat vendredi lors des élections au suffrage indirect dans 24 des 26 provinces de la RDC (elles ont été reportées dans deux provinces).
La coalition Cap pour le Changement (Cash) de M. Tshisekedi n'obtient que trois sièges, d'après le calcul de journalistes congolais à partir des résultats de la Commission électorale.
Dès vendredi soir, le FCC s'est félicité d'avoir obtenu "une très large majorité de plus des deux-tiers au Sénat", une "victoire éclatante" qui "confirme sa prépondérance en tant que première force politique en RDC".
Cette vaste majorité parlementaire permet aux amis de Kabila de faire de nouveau main basse sur les prochaines élections au suffrage indirect des gouverneurs et vice-gouverneurs à la tête des 26 provinces fin mars. Les pro-Kabila semblent évidemment en mesure de peser lourdement sur la désignation du futur Premier ministre et du gouvernement de Tshisekedi.
A plus long terme, leur majorité parlementaire absolue leur permet le cas échéant de lancer une révision de la Constitution ou des procédures contre l'actuel chef de l'Etat.
UDPS fracturé
Joseph Kabila est lui-même sénateur à vie, en raison de son statut d'ancien chef de l'Etat.
Au passage, la victoire du FCC au Sénat a fracturé la machine de guerre de Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti historique d'opposition fondé par son père Etienne.
En deux petits mois, les "combattants" de la base de l'UDPS sont passés de l'euphorie de la victoire à la colère à l'annonce des résultats désastreux des sénatoriales. Les militants UDPS ne comprennent pas comment leur parti n'a même pas pu faire élire un seul sénateur dans ses fiefs de Kinshasa et du Kasaï oriental, où le parti dispose pourtant de députés provinciaux, les "grands électeurs" qui votaient pour désigner les sénateurs.
Avec l'Echo
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