Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l'ONU que la DW s'est procuré, le Groupe d’experts sur la RDC souligne également la dégradation de la situation dans les régions sous état de siège.
Dans ce rapport de 300 pages que la DW s'est procuré, le Groupe d’experts de l'ONU sur la RDC souligne que les conditions de sécurité et la situation humanitaire se sont dégradées dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri placées sous état de siège depuis le 6 mai 2021.
Le rapport précise également que le Rwanda et l'Ouganda ont servi de base pour la réorganisation du M23. Un point qui ne surprend pas Josaphat Musamba, chercheur à l’université de Gand en Belgique.
Il insiste sur le soutien qui a été apporté au mouvement rebelle, qui avait été défait par les FARDC avec l'appui de la Monusco en 2013, mais qui a refait surface à la fin de l'année 2021.
Josaphat Musamba précise qu’il n’est pas uniquement question d’armes mais qu’il peut aussi s’agir d’instructions et de formation qu’auraient reçues les membres du M23 dans des camps.
Des recrutements jusqu'au Rwanda
Les experts précisent également qu’à partir de novembre 2021, le M23 a commencé à recruter dans le camp de Bihanga. En janvier 2022, les rebelles ont recrutés dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Kitshanga, en RDC, ainsi qu’au Rwanda, pour renforcer les troupes.
Un procédé qui est loin de surprendre Josaphat Musamba. "D’abord ce sont des messagers qui sont en contact avec le groupe, ils passent inaperçus parce qu’on ne les connaît pas. La plupart du temps, ils vont d’abord retrouver des amis, ou des gens au sein de leurs communautés, ce qui fait que par exemple l’année dernière, on en a arrêté certains dans le Masisi", précise l’expert.
Il insiste sur le fait que "ces derniers commençaient à courtiser les jeunes pour rejoindre le mouvement parce qu’ils avaient besoin aussi du capital militaire, c’est à dire les ressources, les combattants, etc… Les services de renseignement des militaires congolais les ont tracés, on en a arrêté certains. Les camps sont des pépinières parce qu’on y développe des discours sur le fait qu’il y a des réfugiés qui sont partis depuis des années et qu’ils sont dans les camps, et en mobilisant sur le discours du retour des réfugiés, on mobilise tout en leur disant que le problème pour lequel ils sont là peut créer un sentiment qui va les pousser à trouver des moyens pour retourner chez eux", précise M. Musamba à la Deutsche Welle.
Les attaques récurrentes dans l'est de la RDC entraînent des déplacements de population
Derrière des produits agricoles, des armes
Une des questions également abordée dans le rapport est celle de l’acquisition de matériel militaire que l'on fait passer pour des "produits agricoles".
Pour Jean Jacques Wondo, analyste des questions socio-politiques, sécuritaires et militaires notamment au sein de l’armée congolaise, plusieurs réseaux criminels de mafieux savent que vu la situation sécuritaire dans l’Est, la défense est un secteur potentiellement rentable.
Généralement, explique Jean Jacques Wondo,"les dépenses qui sont liés à la défense ne sont pas comptabilisées. Et une autre raison consiste à dire qu’on essaye de passer ces produits ou matériels via les produits agricoles pour éviter le régime d’information du matériel militaire qui est acheté à la Monusco. Donc l’embargo sur les armes qui concerne la RDC, c’est un embargo qui touche uniquement les groupes armés, cela veut dire que seuls les groupes armés ne peuvent pas acheter des armes à l’extérieur du pays. Par contre en ce qui concerne les FARDC, l’armée congolaise peut disposer de toute sorte d’armement militaire dont elle a besoin à condition de pouvoir les notifier aux experts des Nations Unies dans le but d’empêcher que ces armes ne se retrouvent entre les mains des groupes rebelles", conclut l’analyste militaire.
Jusqu’à quand le M23 va-t-il sévir ?
Le M23 contrôle toute une zone de cette région du Nord-Kivu, une province en proie à des violences commises depuis près de trente ans par des groupes armés et étrangers.
Depuis lundi (20.06.2022), le M23 occupe la cité de Bunagana, un important centre commercial situé à la frontière avec l'Ouganda. Les autorités ont accusé le Rwanda d'avoir soutenu militairement ce groupe rebelle lors de cette attaque.
A noter également qu’au moins huit civils, certaines sources parlent même de 13, ont été tués mardi par les rebelles du M23 dans les localités de Bikenge et Ruvumu dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu.
DW
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