Un rebondissement majeur s’est produit à Bruxelles dans l’enquête sur l’assassinat de Patrice Lumumba en janvier 1961. La justice belge a décidé de verser au dossier d’instruction la quasi-totalité des documents de la commission d’enquête menée il y a 22 ans par le Parlement fédéral. L’arrêt a été pris par la « chambre des mises en accusation » dans le cadre de l’enquête déclenchée par la plainte déposée le 23 juin 2011 par François Lumumba, fils aîné de Patrice Lumumba, contre onze Belges.
La juge d’instruction chargée de l’enquête sur l’assassinat de Patrice Lumumba va voir son dossier se gonfler subitement d’environ deux cents classeurs. À deux exceptions près, ils contiennent tous les comptes rendus sténographiques de dix-huit mois de travaux de la commission d’enquête tenue par la chambre des représentants en 2000 et 2001. Ces minutes contiennent de nombreuses transcriptions de témoignages à huis clos.
Le parquet y voit un moyen de mieux comprendre le déroulement des événements qui ont conduit à l’assassinat de Patrice Lumumba et de vérifier s’ils ne contiennent pas des éléments jusqu’ici inconnus. C’est évidemment l’espoir que suscite cette décision sans précédent : voir surgir des informations tenues jusqu’ici secrètes sur l’implication de la Belgique dans l’assassinat du premier Premier ministre du Congo indépendant.
Des documents sous scellés depuis janvier
En 2001, la commission parlementaire avait conclu à la « responsabilité morale » de l’ancien pouvoir colonial.
Les deux exceptions concernent les auditions des deux seuls inculpés encore en vie, Étienne Davignon et Jacques Brasinne de la Buissière. Les documents resteront secrets, car ils n’ont pas été entendus en présence de leurs avocats.
La Chambre des députés s’était fermement opposée à la remise de ces 200 classeurs et ils étaient sous scellés au Parlement fédéral depuis la perquisition en janvier dernier. Selon les juges, le Parlement n’a pas à empêcher l’action judiciaire. Une grande partie de la commission parlementaire s’est tenue à huis clos et ces documents étaient au centre d’un bras de fer judiciaire entre le Parlement et le parquet qui a donc fini par l’emporter.
Les deux seules personnes qui sont encore en vie et qui sont très âgées... Que leurs documents ne soient pas versés, cela me paraît un peu curieux [...]. Ça ne peut pas être positif. Positif pour qui ? Pas pour nous en tout cas. C’est occulter une partie encore de la vérité.
Rfi
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