Le président tchadien Idriss Deby Itno a déclaré mardi soir que l’organisation islamiste nigériane Boko Haram était «décapitée», ajoutant que le défi était maintenant d'«éviter les actions terroristes» dans la région du lac Tchad.
«Boko Haram est décapitée. Il y a de petits groupes éparpillés dans l’est du Nigeria, à la frontière avec le Cameroun. Nous sommes en mesure de mettre définitivement hors d’état de nuire Boko Haram», a affirmé le chef de l’Etat devant la presse nationale à l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’indépendance du Tchad.
«La guerre sera courte, elle va se terminer avant la fin de l’année et Boko Haram va disparaître avec la mise en place de la force mixte qui sera opérationnelle dans quelques jours», censée mieux coordonner les actions des différentes armées de la région (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger, Bénin), a promis M. Deby.
Le chef de l’Etat a également évoqué pour la première fois un successeur d’Abubakar Shekau, présenté jusqu’alors comme le chef du groupe islamiste, et qui n’est plus apparu sur les vidéos de propagande de Boko Haram depuis plusieurs mois.
«Il y a quelqu’un qui s’appellerait Mahamat Daoud qui aurait remplacé Abubakar Shekau et ce dernier veut négocier avec le gouvernement nigérian. Moi je conseillerais de ne pas dialoguer avec un terroriste», a affirmé Idriss Deby sans fournir davantage de détails.
Le président tchadien a ensuite souligné que le défi était d'«éviter les actions terroristes et c’est pour cela que nous nous organisons au niveau de la sous-région pour empêcher que les matériels pour fabriquer les bombes et autres explosifs rentrent dans nos pays».
«Il reste à éviter les kamikazes» a-t-il insisté, mettant l’accent sur l’importance du renseignement.
Depuis le début de l’année 2015, les victoires remportées par la coalition régionale (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) ont chassé les insurgés de la plupart de leurs fiefs nigérians, qui se sont repliés dans des zones très difficiles d’accès comme la forêt de Sambisa (proche du Cameroun) ou le lac Tchad.
Affaiblis, les islamistes ont multiplié ces dernières semaines les attentats-suicide meurtriers au Nigeria, au Cameroun et au Tchad, dont l’armée joue un rôle clé dans la lutte contre Boko Haram, qui a été frappé au coeur: à N’Djamena, trois attentats-suicides ont fait une cinquantaine de morts en moins d’un mois.
La Force régionale, dont le déploiement prévu fin juillet est toujours attendu, doit compter 8.700 hommes et permettre de mieux coordonner leurs efforts, jusque-là dispersés.
Interrogé par la presse, le président a également évoqué sa possible candidature à une réélection dans la perspective de la présidentielle prévue en 2016.
«Vingt-cinq ans, c’est long. Si j’avais la possibilité de m’assurer que le pays marchera après moi, je quitterais aujourd’hui même le pouvoir. Si mon départ pouvait renforcer la paix, la sécurité et la concorde, j’aurai pris mes vacances», a affirmé M. Déby, arrivé aux affaires par un coup d’Etat en 1990 et dont le régime a depuis lors affronté de nombreuses rébellions et tentatives de déstabilisation.
«J’appartiens à un parti (le Mouvement patriotique du Salut, Ndlr). Le moment venu, il appartiendra au parti de désigner son candidat. Toutes les dispositions sont prises de manière à ce que les élections se déroulent dans la transparence libre et démocratique», a-t-il poursuivi.
Avant de conclure: «quitter pour quitter (le pouvoir) et laisser le Tchad dans le désordre, je ne le ferai pas».
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