Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi que l'ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, était pris en « otage » à l'intérieur de l'ambassade par les militaires au pouvoir et ne se nourrissait plus que de « rations militaires ».
« Au Niger, au moment où je vous parle, nous avons un ambassadeur et des membres diplomatiques qui sont pris en otage littéralement à l'ambassade de France », a déclaré vendredi 15 septembre le chef de l'État français lors d'un déplacement à Semur-en-Auxois, dans le centre-est de la France. « On empêche de livrer la nourriture. Il mange avec des rations militaires », a ajouté Emmanuel Macron, dans une allusion aux militaires qui ont renversé le président. L'ambassadeur Sylvain Itté n'a « plus la possibilité de sortir, il est persona non grata et on refuse qu'il puisse s'alimenter », a-t-il martelé.
Les militaires, qui ont renversé le président Mohamed Bazoum et pris le pouvoir le 26 juillet, avaient ordonné fin août l'expulsion de l'ambassadeur de France, après le refus de Paris de se conformer à un ultimatum exigeant son départ. La France continue depuis de s'opposer à ce départ, arguant que ce gouvernement n'a aucune autorité pour fonder une telle requête.
Interrogé sur un éventuel rapatriement de l'ambassadeur à Paris, le chef de l'État a réitéré : « Je ferai ce que nous conviendrons avec le président Bazoum parce que c'est lui l'autorité légitime et je lui parle chaque jour ». Mohamed Bazoum est toujours considéré par la France comme le chef de l'État légitime du Niger.
Sylvain Itté « travaille » et restera à son poste tant que le président Macron le souhaite, a déclaré pour sa part la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. « Il nous est très utile par ses contacts, par ceux de son équipe, il y a encore une petite équipe autour de lui », a-t-elle dit sur LCI vendredi soir. « Il reste tant que nous souhaitons qu'il reste. C'est une décision qui appartient au président de la République », a-t-elle martelé.
La France « continuera d'accueillir, évidemment » des artistes
Le nouveau pouvoir en place a dénoncé les accords de coopération militaire avec la France et mise sur « un départ rapide » des quelque 1 500 militaires français présents dans le pays. Le 10 septembre, Emmanuel Macron avait déjà souligné qu'un éventuel redéploiement des forces françaises stationnées au Niger ne serait décidé qu'à la demande du président Bazoum.
Emmanuel Macron a par ailleurs confirmé que la France « continuera d'accueillir, évidemment » des artistes venus du Sahel alors que des voix se sont élevées dans le monde de la culture contre une directive de l'administration demandant la suspension de toute collaboration avec des artistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Il a toutefois concédé que pour les artistes nigériens n'ayant pas encore leur visa, la situation s'annonçait compliquée car l'accès aux services consulaires français n'est plus possible. « C'est pas qu'on l'interdit, c'est qu'on ne peut pas la donner [la possibilité d'accéder à l'ambassade, ndlr] à cause des putschistes et pour des raisons de sécurité », a affirmé le président.
Rfi avec AFP
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