Guillaume Soro
Un mandat d’arrêt a été lancé par la justice militaire du Burkina Faso contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion, dans le cadre du coup d’Etat raté du 17 septembre 2015 au Burkina Faso, a affirmé, vendredi 15 janvier, une source judiciaire à l’AFP. Aucune réaction de M. Soro ni de ses proches n’était disponible dans l’immédiat.
« Un mandat d’arrêt international a été lancé contre M. Soro dans le cadre de l’enquête sur le putsch [raté] et les écoutes téléphoniques », selon cette source. Des enregistrements téléphoniques attribués à Djibrill Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères burkinabé (sous le régime du président déchu Blaise Compaoré), et à M. Soro ont été évoqués dans la presse en novembre.
Guillaume Soro et Djibrill Bassolé, actuellement emprisonné et qui fut un homme clé du régime Compaoré tombé en 2014, ont tous deux nié depuis avoir eu cette conversation, dénonçant une « manipulation ».
Selon la source judiciaire burkinabé, les deux interlocuteurs, dans l’enregistrement d’une quinzaine de minutes, envisagent la possibilité de soutenir le putsch, alors en cours et mené par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de Compaoré et chef de Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité putschiste. Les deux interlocuteurs évoquent aussi la possibilité de « frapper » dans le nord du Burkina pour faire « paniquer » l’armée régulière qui se préparait à donner l’assaut contre la base du RSP.
« Dénigrement et calomnies »
Début décembre 2015, lors d’une interview à la radio privée Savane FM de Ouagadougou, le premier ministre en exercice Isaac Zida avait affirmé que les écoutes téléphoniques étaient « authentiques ».
En décembre, le procureur militaire du Burkina, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, avait indiqué que les enregistrements avaient été versés au dossier, soulignant qu’« un expert » serait chargé d’authentifier ou de discréditer ces écoutes.
Le 16 septembre , des soldats du RSP avaient pris en otage le président Michel Kafando et le gouvernement avant de proclamer le coup d’Etat le lendemain. La mobilisation des citoyens et de l’armée loyaliste avait conduit à l’échec du putsch une semaine plus tard.
Djibrill Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre. Il a été notamment inculpé de « haute trahison », « attentat à la sûreté de l’Etat » et « collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure ».
Guillaume Soro, qui a également fait l’objet en décembre d’un mandat d’amener français dans le cadre de la plainte d’un fils de l’ancien président Gbagbo, s’était défendu mi-décembre devant l’Assemblée nationale affirmant que ces écoutes étaient des « chimères » et qu’il était « victime d’une des pires campagnes de dénigrement et de calomnie ».
« La spirale, l’emballement et l’affolement médiatique sans précédent contre ma personne méritent des clarifications après le passage de cette tempête inouïe », avait-t-il déclaré aux députés.
Avec le monde
Application de CComment' target='_blank'>CComment