Quatre jours après une tentative avortée de coup d’Etat à Bujumbura, le président burundais, Pierre Nkurunziza, a procédé à un remaniement gouvernemental, lundi 18 mai. Trois ministres, dont ceux de la défense et des affaires étrangères, ont été limogés, selon un porte-parole de la présidence.
Le ministre de la défense et des anciens combattants, Pontien Gaciyubwenge, a été remplacé par Emmanuel Ntahonvukiye, un civil, une première depuis une cinquantaine d’années dans le pays. Ancien magistrat et directeur de la Cour anticorruption, il serait « apolitique », selon la présidence. Au ministère des relations extérieures et de la coopération internationale, Alain Aimé Nyamitwe, ancien ambassadeur du Burundi auprès de l’Union africaine, succède à Laurent Kavakure. Autre ministre remplacée : Virginie Ciza, chargée des transports,des travaux publics et de l’équipement, à qui succède Irina Inantore.
Sans justifications
La décision de procéder à ce remaniement n’a toutefois pas été justifiée de manière précise par le président burundais. « Le président a des pouvoirs que lui confère la Constitution, notamment de pouvoir changer l’équipe gouvernementale », a expliqué, laconiquement, le porte-parole de la présidence. « Cela peut être lié ou ne pas être lié » aux derniers événements politiques, a-t-il expliqué. Le choix de M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat suscite depuis plusieurs semaines une contestation populaire émaillée de nombreuses violences qui ont fait une vingtaine de morts. De nouvelles manifestations ont eu lieu lundi.
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Dans ce contexte, un groupe d’officiers avait profité de l’absence du président pour tenter de prendre le pouvoir en fin de semaine dernière, disant agir au nom du peuple mécontent. Ils ont été arrêtés, vendredi, après que des soldats loyalistes ont repris le contrôle de la capitale.
Selon un haut cadre du parti au pouvoir, s’exprimant sous couvert d’anonymat, le remaniement sera bien lié à la crise politique, le ministre de la défense étant « victime de sa gestion des manifestations et des ordres qu’il a donné qui semblaient contredire ceux du président ».
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