Les rebelles éthiopiens du Tigré, qui avaient avancé ces derniers mois dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, sont en train de se replier afin d’« ouvrir la porte » à l’aide humanitaire, a annoncé à l’AFP leur porte-parole, lundi 20 décembre. Cette annonce ouvre une nouvelle phase de ce conflit meurtrier qui oppose depuis plus d’un an les forces progouvernementales aux rebelles tigréens et a déclenché une profonde crise humanitaire.
« Nous avons décidé de nous retirer de ces zones vers le Tigré », a déclaré Getachew Reda, porte-parole du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Jusqu’ici, le TPLF qualifiait d’« absolument pas envisageable » le retrait de ces deux régions, réclamé par le gouvernement comme préalable à des négociations. De leur côté, les rebelles exigeaient des autorités fédérales qu’elles mettent fin au « siège » humanitaire du Tigré.
Depuis fin octobre, les deux parties revendiquent chacune des avancées territoriales majeures, mais les communications sont coupées dans les zones de combat et l’accès des journalistes y est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain. Pendant un temps, les rebelles affirmaient se trouver à environ 200 km de la capitale, Addis-Abeba. Fin novembre, les médias d’Etat avaient annoncé l’arrivée sur le front du premier ministre Abiy Ahmed pour y mener une « contre-offensive ». Le gouvernement a ensuite revendiqué plusieurs victoires.
Plus de 2 millions de déplacés
La guerre a éclaté en novembre 2020 après qu’Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale dans la région septentrionale du Tigré afin d’en destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Abiy Ahmed avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale, Makalé. Mais en juin, le TPLF a repris l’essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.
Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de 2 millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU. L’organisation avait suspendu en octobre les vols humanitaires entre Addis-Abeba et Makalé, où le gouvernement menait des frappes aériennes. Les vols ont repris en novembre. Les craintes d’une marche des rebelles sur la capitale ont incité plusieurs pays – dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni – à demander à leurs citoyens de quitter l’Ethiopie dès que possible.
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