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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

Umaro Sissoco Embaló, à Paris. © Romain Gaillard/REA

« La situation est sous contrôle », déclare le président Embalo mardi soir à la presse. La situation a été très confuse, ce mardi 1er février 2022, à Bissau. Des tirs ont été signalés dans le centre-ville près des institutions du pays. Des détonations qui ont provoqué un début de panique. La Cédéao a condamné une « tentative de coup d'État ». Selon l'agence de presse Lusa, les militaires sont entrés dans le palais du gouvernement vers 17h20 (heure locale), les membres du gouvernement ont été libérés...

 

« Je vais bien Alhamdoulillah » (Dieu merci), a écrit le président bissau-guinéen sur son compte Twitter. « La situation est sous contrôle gouvernemental ».  « Tout va bien », avait-il dit plus tôt dans un très bref entretien téléphonique avec l'AFP.

Le président Embalo se trouve au palais présidentiel ce mardi soir où la presse a été convoquée et d'où le chef de l'État s'est adressé au pays. Entouré du Premier ministre, du vice-Premier ministre et du ministre de la Justice, le président Embalo a remercié les forces de défense et de sécurité du pays d’avoir empêché le coup d’Etat qui constitue une « atteinte à la démocratie ».

Cela a été « un acte préparé et organisé » et que le président a attribué aux « décisions (qu'il a) prises, notamment la lutte contre le narcotrafic et la corruption », sans désigner clairement les auteurs du coup de force. « Les assaillants auraient pu me parler avant ces événements sanglants ayant fait plusieurs blessés graves et des morts », a regretté le chef de l'Etat, sans toutefois en préciser le nombre.

 

Selon des sources citées par l'agence de presse portugaise Lusa, le chef de l'État a été exfiltré du palais du gouvernement où s'est déroulée la tentative de coup d'État, et il a été conduit au palais présidentiel. 

C'est en début d'après-midi que les tirs ont commencé à retentir. Des tirs de bazooka et de mitraillette. Des militaires ont encerclé le palais du gouvernement, un grand centre administratif bâti en périphérie de la capitale, non loin de l'aéroport, où se déroulait un Conseil des ministres extraordinaire qui réunissait le président de la République, Umaro Sissoco Embalo, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et le reste du gouvernement. La séance a été interrompue. 

Ce Conseil des ministres extraordinaire se tenait suite au remaniement annoncé le 26 janvier dernier et qui a fait polémique au sein de la classe politique. Puis c'est vers la base aérienne de Bissau que des tirs ont été entendus en fin d'après-midi.

Sur des photos et des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on voit plusieurs corps sans vie et des personnes en tenue civile qui pourraient avoir été arrêtées au palais du gouvernement, mais on ne sait pas exactement de qui il s'agit.

Selon des témoignages, les civils ont fui cette zone de la ville. Les écoles et nombre de magasins ont aussi fermé, les radios ne diffusent que de la musique.

Beaucoup de mouvements de militaires ont été constatés dans la capitale bissau-guinéenne. Des cordons armés ont été déployés autour de certains bâtiments officiels. 

Dans le reste de la capitale, c'était le calme qui régnait alors que chacun rentrait chez soi et tentait d'avoir davantage d'informations.

C'était la panique générale en ville. [...] Tout le monde est rentré.

Guinée-Bissau: tirs autour du palais du gouvernement, un habitant témoigne

Les militaires sont rentrés vers 17h20 dans le palais du gouvernement à Bissau et ils ont ordonné la sortie des membres du gouvernement qui y étaient, selon l'agence de presse portugaise Lusa, qui cite une source gouvernementale. 

La Cédéao condamne une « tentative de coup d'État »

Dans un communiqué publié quelques heures après les tirs de feu, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest « condamne cette tentative de coup d'État et tient les militaires responsables de l'intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement ».

La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a également condamné « avec véhémence la tentative de coup de force », indique le ministère angolais des Relations extérieurs qui préside actuellement l’organisation.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelle à la « fin immédiate » des « combats violents » à Bissau et au « plein respect des institutions démocratiques du pays », indique le communiqué.

Condamnation également du gouvernement portugais : « Nous condamnons l'attaque contre le palais du gouvernement à Bissau et nous appelons à la fin immédiate de cette action violente contre le président et le gouvernement de Guinée-Bissau. L'ordre constitutionnel doit être respecté par tous », écrit le ministère portugais des Affaires étrangères dans un tweet. 

L'Union africaine très inquiète de la « tentative de coup d'Etat » 

 

L'Union africaine (UA) s'est dite très inquiète de la « tentative de coup d'État » en Guinée-Bissau. « Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, suit avec grande inquiétude la situation en Guinée-Bissau, marquée par une tentative de coup d'État contre le gouvernement du pays », écrit dans un communiqué l'UA.

Des événements qui interviennent après un remaniement

Ces incidents interviennent quelques jours après un remaniement gouvernemental décidé par le président de la République Umaro Sissoco Embaló, qui a été contesté dans un premier temps par le parti du Premier ministre Nuno Gomes Nabiam. Par la suite, le chef de l'exécutif a toutefois déclaré qu'il était d'accord avec le remaniement.  

Les rapports entre le président de la République et l'exécutif ont été marqués ces derniers mois par un climat de tension qui s'est aggravé avec l'affaire de l'avion Airbus A340 qui avait atterri à Bissau en octobre dernier en provenance de Gambie avec l'autorisation de la présidence. 

Parmi les personnes qui ont quitté récemment l'exécutif, l'ex-secrétaire l'État de l'Ordre public Alfredo Malu, qui avait affirmé ces derniers jours que son éloignement de l'exécutif était en lien avec l'affaire du mystérieux avion, tout en soulignant qu'il s'était limité à appliquer les ordres du Premier ministre en mettant à disposition des agents de la police pour accompagner des experts nord-américains qui ont inspecté l'avion. 

Concernant l'avion Airbus A340, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam avait commencé par déclarer qu'il aurait atterri à Bissau de manière illégale, avec à son bord un chargement suspect. Mais quelques jours après, devant les parlementaires, il avait indiqué qu'une expertise qu'il avait diligentée avait conclu qu'il n'en était rien, sans donner plus d’explications. 

 

RFI

 

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