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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

Une nouvelle offensive de djihadistes mozambicains dans la province septentrionale de Cabo Delgado a augmenté le nombre de personnes déplacées de 80 000 et compromet les prétentions du gouvernement à contenir l'insurrection.

Les rebelles ont étendu leur zone dans une campagne qui dure depuis plus de deux mois. La nouvelle offensive, qui a débuté en juin, fait suite à une période de calme relatif au cours de laquelle le commandant général de la police nationale du Mozambique avait déclaré que "la guerre contre le terrorisme était presque terminée".

Cette affirmation s'est révélée creuse, car les combattants ont frappé plus au sud que jamais, brûlant des villages et décapitant des civils dans les districts d'Ancuabe, de Chiure et de Mecufi, jusqu'alors épargnés par le conflit depuis son début en octobre 2017. Ce dernier accès de violence porte le nombre total de personnes déplacées à Cabo Delgado à un peu moins de 950 000, selon les estimations de l'Organisation internationale pour les migrations.

Malgré le soutien militaire que le Mozambique reçoit des troupes envoyées par les pays voisins et le Rwanda, les rebelles sont loin d'être vaincus. Les troupes étrangères ont été déployées à Cabo Delgado il y a un an, après la prise par les extrémistes de la ville stratégique de Palma en mars 2021.

"La prévalence des attaques un an après le début de l'intervention militaire étrangère confirme ce qui était déjà clair", à savoir que le gouvernement a tort de dire que l'insurrection a été causée par une invasion extérieure aux intérêts obscurs, déclareAlbino Forquilha, directeur exécutif de FOMICRES, une organisation indépendante de consolidation de la paix au Mozambique.

"La vérité est que le conflit a des origines internes dues à la mauvaise gouvernance et à une mauvaise relation entre l'État et la population locale", poursuit Albino Forquilha. "Tant que le gouvernement ignorera ce fait, les attaques ne cesseront pas".

Les forces de sécurité du Mozambique et les troupes étrangères alliées ont réussi à repousser les insurgés des principales villes de Cabo Delgado vers les forêts, mais cela a effectivement placé les civils ruraux en première ligne. Depuis le mois de juin, l'insurrection se caractérise par des attaques incessantes sur des villages non défendus, ce qui déséquilibre l'armée et la police qui se précipitent pour réagir d'un incident à l'autre.

"Dans le contexte des limitations logistiques, qu'elles soient dues au nombre de soldats ou à l'équipement militaire, l'augmentation du nombre d'attaques dans des zones dispersées limitera la poursuite des groupes armés par les forces gouvernementales et leurs partenaires", avance João Feijó, chercheur à l'Observatoire de l'environnement rural basé au Mozambique. "C'est une stratégie qui vise à accroître les difficultés pour les forces gouvernementales et leurs partenaires, et ils doivent concevoir une réponse adéquate à cela."

La Communauté de développement de l'Afrique australe, composée de 16 pays, doit décider en août si elle prolonge encore son intervention militaire, dont le mandat initial était de trois mois, à partir de juillet 2021. L'expérience de l'année dernière suggère qu'il faut plus qu'une simple force militaire pour mettre au pas l'insurrection, estiment les analystes.

"Je ne vois pas de fin rapide à ces attaques", soutient Albion Forquilha. "Même si l'intervention militaire avait réussi à expulser les insurgés, je ne doute pas que le mécontentement persisterait dans l'esprit des jeunes. Car le problème ici n'est pas de détruire les bases des insurgés, mais d'amener les jeunes à s'identifier à l'État."

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