La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna était en visite officielle en Côte d'Ivoire. Après avoir rencontré vendredi 9 décembre le président ivoirien Alassane Ouattara, elle s'est rendue dans la commune de Yopougon à Abidjan pour échanger avec des personnalités issues de la société civile, dont les chanteurs Siro et A'safo, ou encore la militante féministe Méganne Boho. Cela alors que le thème du désamour entre les populations africaines et la France augmente.
Le chanteur de Zouglou, Siro, a tenu à questionner le sentiment anti-français grandissant dans la région :
« Pourquoi aujourd’hui, un sentiment anti-européen et anti-français n’est pas tu en Afrique ? L’Europe n’a-t-elle pas les moyens de communiquer ? Parce que nous avons des oreilles et ce que nous entendons ici, tant qu’on n’a pas entendu le contraire, on reste sur ce qu’on entend. Le crapaud dans votre maison croît, ça vous gêne mais ça finit par vous endormir. »
Paris défend « regard différent sur l’Afrique »
« Vous changez, mais nous aussi on change », lui a répondu la ministre française des Affaires étrangères qui défend un « regard différent sur l’Afrique ». Elle a insisté toutefois sur la désinformation et les fausses nouvelles dont seraient victimes les opinions africaines :
« Si tout cela se produit, c’est parce qu’il y a des forces à l’œuvre qui vous racontent des sornettes. Et nous, nous avons le devoir d’accompagner le développement du pays, et vous, vous avez également le devoir de ne pas vous faire prendre pour des imbéciles. »
Le ministre ivoirien de la Promotion de la jeunesse Mamadou Touré dénonce quant à lui la montée du « populisme » : « Nous ne sommes ni pro-France, ni pro-Russie. Nous sommes pro-Africains ».
Pour Paris, la junte malienne est la seule « responsable » de l’interdiction des ONG
Au Mali également, ce sentiment anti-Français continue à gagner la population et même les autorités. La junte à Bamako a gouvernement malien a annoncé fin novembre l’interdiction « de toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali » financées ou soutenues par la France, « y compris dans le domaine humanitaire ». Elle entendait ainsi répliquer à la suspension de l’aide publique au développement (APD) décidée par Paris fin octobre.
Alors que ces décisions pourraient mettre en péril 7,5 millions de personnes bénéficiaires de l’aide humanitaire au Mali, selon des nombreuses ONG qui les ont dénoncées, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna juge que les autorités maliennes sont « responsables de leurs actes ».
Pour nous, et compte tenu de ce double coup d’État qui a frappé le Mali, il n’était pas question que quoi que ce soit dans l’aide au développement de la France, bénéficie à des individus liés à la junte ou bénéficie à la junte, qui, par des détournements, poursuivent des actions négatives. Donc nous avons pris en février la décision de suspendre l’aide au développement, sans suspendre l’aide humanitaire. Si la junte décide, comme il semble qu'elle l'ait fait, de suspendre l’aide humanitaire qu’apportent des ONG françaises ou maliennes ou internationales, c’est une grave responsabilité qu’elle prend, c’est un choix qui est le sien et qui n’est pas le nôtre et dont elle est responsable devant sa population.
Pour la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, la junte malienne est la seule «responsable» de l’interdiction des ONG
Le « prix franco-allemand des droits humains et de l’État de droit » décerné à Méganne Boho pour sa lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité entre les sexes
Lors de la table ronde avec des personnalités de la société civile ivoirienne, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et de Marton Köver, chargé d'affaires à l'ambassade d'Allemagne en Côte d'Ivoire, ont décerné samedi à l’Ivoirienne originaire d’Adiaké (Sud) Méganne Boho « le prix franco-allemand des droits humains et de l’État de droit ».
Ce prix distingue le combat de la présidente et fondatrice de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, âgée de 28 ans, pour la lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité homme-femme en Côte d'Ivoire.
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