La crise, dit-on, ne doit pas tuer la science, bien au contraire ! Jean-Marie Mutamba Makombo vient, une fois de plus, de publier aux éditions L’Harmattan, un ouvrage qui sera certainement beaucoup lu par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire politique de la RDC. « L’UDPS dans l’œil du cyclone, la violence politique au Zaïre sous Mobutu », c’est le titre du livre de 97 pages que ce professeur d’université a mis à la disposition des lecteurs. L’ouvrage relate la traque et la répression d’un mouvement d’opposition clandestin au Zaïre, actuellement République Démocratique du Congo, sous la deuxième République. Le mouvement d’opposition dont il est question s’appelle l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Jean-Marie Mutamba s’appuie sur les rapports d’information établis du 19 au 29 octobre 1985 par le Corps des Activistes pour la Défense de la Révolution (CADER), une structure de la Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution (JMPR). Ces documents présentent un grand intérêt historique. Ils témoignent des tribulations du petit peuple, resté anonyme, qui a souffert dans sa chair et dans son sang pour le triomphe du multipartisme et de la démocratie. Ils révèlent aussi la lutte d’influences, la lutte d’intérêts et de clans au sein du Parti unique, le MPR.
Dans son introduction, l’auteur démontre qu’une fronde parlementaire avait éclaté au grand jour avec l’arrestation les 30 et 31 décembre 1980 de treize parlementaires signataires d’une lettre de 52 pages adressée au Président Mobutu. Les auteurs du pamphlet montraient à Mobutu ses contradictions et ses erreurs. Après quinze années passées au pouvoir, sans partage, il s’était écarté de la doctrine et des options fondamentales du Parti. Il tombait dans le déviationnisme. Les parlementaires frondeurs demandaient une réforme politique profonde et en appelaient à un débat national réunissant les représentants des différentes opinions politiques, désignés librement par les groupes qui les délégueraient. C’était la préfiguration des Conférences Nationales qui ont vu le jour dix ans plus tard.
Progressant dans sa rédaction, Jean-Marie MutambaMakombo explique les méthodes des services de sécurité de Mobutu qui identifiaient les sympathisants et combattants de l’UDPS comme des marginaux, inciviques, gibiers, etc. Les maisons des cadres de l’UDPS étaient vandalisées. Ceux-ci subissaient des violences physiques et des privations de tout genre. Des journées de l’action correctionnelle de la jeunesse du parti sur la désobéissance civique se terminaient, souvent, par des abus et crimes politiques. La 2ème République a usé et abusé de la pratique des Bulletins d’Information (BI), ces rapports établis d’une manière anonyme pour informer les autorités hiérarchiques de toute situation susceptible de les inquiéter ou de déstabiliser le pouvoir. Dans son opus, l’auteur fait parler les victimes qui reviennent sur les atrocités subies.
Alf / la prospérité
Application de CComment' target='_blank'>CComment