Brouhaha, cacophonie, imbroglio, méli-mélo… plusieurs termes pour expliquer la présence des troupes étrangères sur sol congolais, qui s’inscrit dans le cadre du déploiement de la force militaire de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, particulièrement dans les zones qui seront « librement » cédées par les terroristes du M23 et alliés.
Depuis son installation, dimanche 02 avril dans la cité frontière de Bunagana, l’armée ougandaise [Uganda People’s Defence Force, UPDF] multiplie des déclarations pour clarifier sur la nature de sa mission sur les territoires de la RDC.
Selon le porte-parole de l’armée ougandaise, le contingent ougandais de la force militaire de l’EAC occupe officiellement Bunagana pour « une mission de maintien de la paix » après que le M23 s’est retiré de cette entité stratégique qu’il occupe depuis une année.
« Le contingent ougandais de l’EACRF est une force neutre et ne combattra pas le M23. L’UPDF apprécie le leadership du M23 pour sa coopération avec le contingent et pour avoir accordé à nos soldats de la paix un passage sûr et une occupation réussie de Bunagana », a déclaré le porte-parole de l’UPDF.
Pendant ce temps, la dernière déclaration de Kinshasa sur la question de la mission de la force régionale date du 05 février dernier.
D’après le gouvernement congolais, le mandat conféré à cette force est sans équivoque offensif et ce, aux termes des résolutions des Conclaves des Chefs d’Etat de l’EAC tenus à Nairobi en avril et en juin 2022 ainsi que le Communiqué final du Mini-Sommet de Luanda.
Depuis lors, pas un seul mot du gouvernement même après les sorties médiatiques de la présidente de la Tanzanie et de l’armée ougandaise qui soutiennent une mission de maintien de la paix.
Cette attitude agace le Parlement. Lors de l’ouverture de la session ordinaire de mars 2023, le président de l’assemblée nationale, Christophe Mboso avait dénoncé le fait que les troupes de la force régionale offrent désormais l’image des troupes en villégiature sur le théâtre des opérations militaires, au lieu de s’engager à faire la guerre et que leur présence sur le territoire congolais est devenue inutilement onéreuse.
Dans cette même perspective, un député national a adressé une question orale avec débat au ministre des Affaires étrangères sur la nature du mandat et la durée de cette force sur le territoire congolais.
Claudel Lubaya a exigé du Chef de la diplomatie congolaise, des explications claires et nettes sur le mécanisme de financement de la force régionale déployée en RDC; le contenu du Concept d’Opérations (CONOP), de l’Accord sur le Statut des Forces (SOFA) et des Règles d’Engagement (ROE) adopté par les Chefs d’Etats de la CAE lors du conclave tenu le 20 juin 2022; le statut actuel des zones libérées par le M23.
Le ministre des Affaires étrangères devrait aussi démontrer les progrès réalisés sur terrain ainsi que les contraintes éventuelles rencontrées depuis le déploiement de la Force régionale dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
Carmel NDEO / Politico.cd
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