Le 20 décembre prochain, la République Démocratique du Congo organisera son scrutin présidentiel, couplé aux élections législatives nationales et provinciales ainsi que celles des conseillers communaux. A environ quatre mois de ces échéances, Human Rights Watch (HRW) peint un tableau plutôt sombre de la situation des droits de l’homme au pays.
D’après l’ONG, les autorités du pays ont pris pour “cible” des dirigeants de partis politiques d’opposition, en “restreignant leurs libertés fondamentales et en arrêtant leurs cadres”.
« En vertu du droit régional et international relatif aux droits humains, les autorités congolaises sont tenues de garantir les droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de circulation. Les autorités devraient mettre fin aux arrestations arbitraires et respecter pleinement le droit des personnes détenues à une procédure régulière et à un procès équitable », dit Human Right Watch.
Thomas Fessy, chercheur principal de HRW sur la RDC, note que « le gouvernement devrait veiller d’urgence à ce que ces candidats, leurs partisans et tous les Congolais-e-s puissent librement exprimer leurs opinions et organiser des manifestations pacifiques avant les scrutins de décembre ».
Dans sa chronique, l’ONG internationale des droits de l’homme cite, à titre d’exemple, la “violente” répression de la manifestation de l’opposition tenue le 20 mai dernier sur initiative le groupe de quatre leaders de l’opposition déclarés candidats à la présidentielle, à savoir : Fayulu, Katumbi, Matata et Sesanga. HRW note également le fait que la police a empêché, le 25 mai, un sit-in devant la CENI appelé par ces mêmes opposants ou encore la barrière érigée contre le convoi de Moïse Katumbi en destination du Kongo Central le 23 mai.
En ce qui concerne les arrestations, HWR fait référence à celles du conseiller principal de Moise Katumbi, Salomon Idi Kalonda, le 30 mai dernier sur le tarmac de l’aéroport de N'djili et de Franck Diongo, le 20 juin avant d’être remis en liberté sans inculpation le 15 juillet.
« Arrêter des proches de dirigeants de l’opposition et les empêcher de se déplacer dans le pays ou d’organiser des manifestations et des rassemblements envoie un message effrayant à la veille de la campagne électorale. Le gouvernement devrait d’urgence inverser cette tendance, qui risque d’aggraver une situation déjà extrêmement tendue », a déclaré Thomas Fessy.
Human Right Watch, qui cite plusieurs déclarations dont celles du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), du Journaliste en danger (JED), voire de la délégation de l’Union européenne (UE) et plusieurs Etats pour notamment attester des menaces visant l’opposition politique, estime que le président de la République, Félix Tshisekedi, “n’a montré que peu d’intérêt à ce que tous les partis politiques puissent opérer librement”, lors qu’il revient, par exemple, sur son discours prononcé dans la province du Kasaï-Oriental, où il déclarait qu’il s’attaquerait “sans hésitation, sans remords à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays...Peu importe ce qu’on en dira : violations des droits de l’homme, privation de libertés…je n’en démordrai pas parce que démocrate je suis, démocrate je resterai. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit dans ces domaines”.
« Le gouvernement congolais a l’obligation juridique internationale de veiller à ce que ses forces de sécurité ne violent pas les libertés fondamentales nécessaires à la tenue d’élections libres et équitables, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de mouvement. Les autorités devraient enquêter et prendre les mesures adéquates à l’encontre des responsables gouvernementaux qui violent ces droits, quel que soit leur poste ou leur rang », conclut l’ONG.
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