Réagissant aux propos du ministre des finances et de la communication, respectivement Nicolas Kazadi et Patrick Muyaya lors du briefing sur le dossier Primera, lundi 28 août dernier, Alphonse Mahindo, professeur à l’Université de Kisangani, initiateur du Mouvement Appel Patriotique au Dr. Dénis Mukwege, a laissé entendre que la sortie médiatique du Gouvernement, dont le but était d’apporter une lumière sur le dossier Primera, n’est qu’une « fuite en avant » et une distraction pour brouiller les pistes.
À en croire Aphonse Mahindo qui voit dans cette sortie médiatique une « théâtralisation », le but n’était autre que celui de « vilipender » le prix Nobel de la paix, le Dr. Dénis Mukwege.
« Cette sortie médiatique du Gouvernement soulève un problème, d’abord sur la forme. Quand on regarde, on voit que c’est une théâtralisation qui se fait de la scène politique. En voilà deux ministres et un directeur de cabinet adjoint. D’abord, un directeur de cabinet adjoint ne peut pas engager la République, on ne voit pas sa place dans ce type d’exercice. C’est quelqu’un qui est censé ne pas être connu du grand public, il est là pour traiter les dossiers non pas pour aller là prendre des engagements, parler au nom du Gouvernement, il n’est pas un officiel. Je comprends mieux que les ministres puissent le faire, peut-être que le président de la République voulait s’assurer qu’il ait un de ses proches là-bas pour s’assurer que les deux ministres vont bien faire leur travail de communiquer pour vilipender le collègue professeur Dénis Mukwege, le prix Nobel de la paix 2018. Le deuxième élément sur le plan de la forme par rapport cette sortie médiatique, c’est de voir que on répond non pas à celui qui a soulevé la question, un député du Sud-Kivu et qui a déposé une question orale au Gouvernement. Au lieu de faire la procédure parlementaire normale pour lui répondre au Parlement, le Gouvernement fait une fuite en avant et ajoute quelqu’un de la Présidence », a-t-il dit.
En outre, ce proche de Dénis Mukwege estime que le Gouvernement de la RDC n’ayant pas suivi la procédure parlementaire normale pour donner des réponses aux élus du peuple sur cette question, fait une fuite en avant dans le but de brouiller les pistes.
« La Présidence n’est pas responsable devant le Parlement, à ma connaissance. Comment le président va-t-il se sentir concerné pour envoyer son directeur de cabinet adjoint répondre au public, au lieu d’envoyer le Gouvernement, donc le Premier-ministre ou le ministre des finances et les ministres concernés, du secteur minier ou du portefeuille, répondre à la question devant le Parlement où il y’a un député qui a déposé en bonne et due forme une question orale. Donc voilà, c’est une fuite en avant, c’est une distraction que l’on voudrait faire pour brouiller les pistes alors qu’ils ont toute la possibilité de faire ça », a fait savoir l’initiateur du mouvement AP.
Notant des différents chiffres avancés par les autorités sur la quantité d’exportation de l’or, le professeur Mahindo pense que le Gouvernement essaie de créer de la confusion dans le chef de la population.
« Sur le plan du fond, on peut se poser véritablement la question, quel est le message qu’on voudrait nous envoyer. D’abord, ça ne nous a pas plus éclairé qu’avant la mise au point, parce qu’on nous communique des chiffres différents. Quelle est la quantité d’or qui a été exportée par la RDC dans la province du Sud-Kivu, l’année dernière en 2022. On nous donne des chiffres différents, on nous parle de 27kilos, 37k, 38k, 40k mais finalement dans une même conférence de presse, on donne différents chiffres, ça nous embrouille. On ne sait plus quel chiffre il faudrait retenir. Donc là, il y’a un sérieux problème, soit ils n’ont pas bien préparé leur dossier, la légèreté de la part des autorités de ce niveau là, soit ils ne connaissent pas leur dossier, soit encore ils connaissent bien leur dossier, mais ils veulent brouiller en multipliant des chiffres comme pour créer la confusion ou alors c’est tout simplement ce qui est encore plus vicieux, c’est de considérer que c’était juste une sortie pour une fois de plus chercher à jeter l’opprobre sur le Docteur Mukwege, qui est pressenti comme étant un candidat potentiel aux prochaines élections qui sont annoncées », a-t-il souligné.
Cet initiateur du mouvement qui réclame la candidature de D. Mukwege à la présidentielle de décembre prochain rassure que contrairement à ce qui se dit, le prix Nobel de la paix 2018 ne bénéficie d’aucun soutien des occidentaux, moins encore du Rwanda,
« J’ai entendu des ministres prononçaient des mots très graves, en disant que le docteur D. Mukwege, c’est l’homme des occidentaux, il a le soutien des occidentaux, et les occidentaux soutiennent le Rwanda qui a pillé pendant des années les ressources du Congo et qui n’a jamais été dénoncé. Je rappelle que pendant que ces gens du Gouvernement étaient en train de signer des accords avec le Rwanda, le docteur s’est toujours opposé, et il a toujours dénoncé ces différents accords. Il a toujours combattu aux côtés des petites gens, il n’a jamais fui le pays, il n’a jamais été en exil à l’étranger pour se mettre à l’abri alors qu’il a tous les atouts pour ça », a-t-il rassuré.
Dans ses dires, A. Mahindo a laissé entendre que le docteur Mukwege est très attaché aux congolais et met l’intérêt de la population avant toute chose. Pour lui, l’accuser d’être la « marionnette » des occidentaux est une « honte et une injure grave » à sa personne.
Sandrine Fundi / 7sur7.cd
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