Dans l’est de la République démocratique du Congo, le mandat de la force est-africaine envoyée par l’EAC a officiellement pris fin ce vendredi 8 décembre 2023. La fin d’une mission express, mise en place pour mettre fin à la menace de la rébellion du M23, qui aura duré à peine un an. Kinshasa a refusé son renouvellement, la jugeant inefficace. Mais avec ce désengagement vient la menace d’un vide sécuritaire.
Ce plan de désengagement, rendu public ce vendredi, a été validé lors d’une réunion mercredi dernier des chefs d’état-major de la région à Arusha, en Tanzanie. La première phase a donc débuté le week-end dernier avec le départ de 300 militaires kényans. Doivent suivre, les soldats du Soudan du Sud, puis les contingents ougandais et burundais. Certaines troupes ainsi que le matériel et l’armement vont d’abord se retirer dans leurs bases avant le 15 décembre et puis d’ici le 7 janvier, ce sera le départ du définitif du pays. Enfin, la dernière composante à être démantelée sera le quartier général présent à Goma sous commandement kényan.
Un retrait qui débute alors que les combats se poursuivent au Nord-Kivu, même si l’EAC demande à toutes les parties prenantes à ce conflit, militaires congolais, M23 et autres groupes armés, de cesser les hostilités. La tension militaire est importante surtout à l’ouest de la capitale provinciale. Signe que ce retrait n’est pas la marque d’une réussite sur le terrain.
Une accalmie de quelques mois
Il y a un peu plus d’un an, quand la région a commencé son déploiement, cette montée en puissance de la force régionale s’est faite en même temps que celle du M23 qui a conquis plusieurs espaces : la quasi-totalité du territoire du Rutshuru et une partie du Masisi.
À la suite d’avancées diplomatiques, il y a eu une accalmie au début de l’année 2023. Le M23 a donné le contrôle de certaines zones aux militaires de l’EAC. Accalmie qui a duré jusqu’au mois d’octobre et cette reprise des combats, notamment autour de la ville de Goma. Aujourd’hui, les deux fronts sont à 20 kilomètres au nord et une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale provinciale.
Ce qui fait craindre le risque de vide sécuritaire. C’est une vraie inquiétude de la part des observateurs, même si le gouvernement congolais a toujours affirmé que sa priorité était de l’éviter. Le scénario redouté est la recrudescence des affrontements pour l’occupation des zones anciennement sous contrôle de l’EAC. Selon la recommandation des chefs d’état-major de la région, ces espaces doivent passer aux mains des forces congolaises, mais le M23 a déjà annoncé son intention de s’en emparer.
Des troupes étrangères dans la région
Néanmoins, le départ de l’EAC ne signifie pas la fin de la présence de toutes les troupes étrangères au Nord-Kivu. Selon une source gouvernementale congolaise, des troupes burundaises, deux bataillons d’environ 1 500 hommes, doivent rester dans le cadre d’un accord bilatéral signé entre Gitega et Kinshasa cet été. Elles ont vocation à se battre contre le M23 aux côtés des FARDC. Plusieurs sources nous confirment leur engagement effectivement lors des derniers affrontements.
En revanche, ce n’est pas le cas du contingent ougandais. Certes, Kampala et Kinshasa ont aussi un accord bilatéral, mais il n’inclut que la lutte contre un autre groupe armée, les ADF, dont la zone d’action est plus au nord, vers Beni et dans la province de l’Ituri. Le contingent de l’UPDF a d’ailleurs acté cette décision dans un communiqué où il déclare procéder à un retrait progressif, graduel, ordonné et séquentiel, afin de réduire « toute perturbation pouvant conduire à un espace d’insécurité ».
Enfin, des troupes de la SADC, la communauté d’Afrique australe, sont attendues dans les tous prochains jours. Des militaires sud-africains doivent même arriver « normalement », nous dit-on, dès le 10 décembre. Deux autres pays ont annoncé leur intention de contribuer à cette force : le Malawi et la Tanzanie.
Rfi / Paulina Zidi
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