En RDC, la campagne électorale bat son plein dix jours avant sa fin officielle. L’opposant Moïse Katumbi a tenu son meeting de campagne dans la capitale ce samedi 9 décembre, critiquant le bilan du président sortant Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession. Il était accompagné de quatre candidats qui se sont désistés en sa faveur : l’ancien premier ministre Matata Ponyo, Seth Kikuni, Frank Diongo et tout récemment Delly Sesanga.
À 15h, Moïse Katumbi et tous ses quatre alliés qui se sont désistés en sa faveur sont arrivés à Sainte-Thérèse, au cœur de la commune populaire de Ndjili, après une dizaine de kilomètres parcourus depuis l'aéroport, accompagnés de la foule. Une démonstration de force pour ses partisans mobilisés, arborant des tee-shirts et des drapeaux à l'effigie de leur candidat : « C’est une mobilisation qui exprime le rejet de notre peuple vis-à-vis de ce pouvoir finissant », résume l’un d’entre eux.
Comme lors de ses précédentes prises de parole, le candidat a critiqué la gouvernance du président sortant, qu’il juge « chaotique » sur fond de scandales de corruption et des promesses non tenues. Que ce soit, selon lui, sur le volet social, économique ou sécuritaire, avec une crise sécuritaire dans l’Est comme dans le Sud-Ouest.
« Je suis Moïse, j’ai reçu de la part de Dieu la mission de sauver le pays »
Sur le podium, Moïse Katumbi harangue la foule en lançant des questions au sujet de Félix Tshisekedi : « Est-ce qu’il a fait baisser le prix de la farine, du sac du riz, le carton de poulet ? A-t-il fait baisser le taux de change du dollar ? Vous a-t-il construit le métro promis à Kinshasa ? A-t-il créé des emplois ? Que des fausses promesses pendant cinq ans. C’est fini. Le 20 décembre, nous devons les chasser du pouvoir. Je suis Moïse, j’ai reçu de la part de Dieu la mission de sauver le pays. »
Moise Katumbi affirme rêver grand pour la capitale Kinshasa, qui compte le plus grand électorat du pays. Il affirme vouloir faire de la mégalopole la plus belle capitale d'Afrique avec des infrastructures modernes.
S’il est élu, l'opposant promet de réduire le train de vie des institutions politiques, en commençant par la présidence. Il a également promis de supprimer le bureau de la première dame et de renoncer à son salaire, s’il parvient à l’emporter face à Félix Tshisekedi. Il propose encore de réduire les émoluments des députés, un sujet qui suscite des polémiques depuis un an.
L’opposant a enfin demandé à ses partisans de ne pas quitter les sites de vote avant l’affichage des résultats afin d’éviter afin de contrer ce qu’il qualifie de « fraude planifiée ».
En RDC, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a reçu vendredi 8 décembre au soir un nouveau lot de matériel électoral commandé, notamment près de 100 tonnes de documents destinés aux bureaux de vote. Ces éléments sensibles comprennent des fiches de résultats et des procès-verbaux, actuellement stockés à Kinshasa en attendant leur déploiement à travers le pays. Bien que prêts à être expédiés, le défi réside dans les moyens de transport disponibles. L'Angola pourrait apporter une aide logistique, mais les discussions entre Kinshasa et Luanda sont toujours en cours.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi
La gestion de cette question délicate ne relève plus de la Céni, ni des ministères. À la suite de réunions et d’une correspondance officielle initiées par l'organe électoral, la présidence de la République s'engage à trouver une solution. Un conseiller du président Félix Tshisekedi a confirmé que, dans la mesure du possible, des moyens de l'armée pourraient être utilisés.
Mais à ce stade, les besoins sont considérables et nécessitent un appui supplémentaire.
Vendredi, des démarches ont été entreprises auprès des autorités angolaises pour solliciter l'intervention d'avions et d'hélicoptères en provenance d'Angola. Bien que ces contacts aient été initiés, ils sont toujours en cours et aucune décision n'a été arrêtée jusqu'à samedi après-midi.
Une autre source indique que le processus pourrait s'accélérer, étant donné les échanges de haut niveau entre les deux pays.
Par ailleurs, d'autres solutions non encore officielles, sont envisagées en plus de l'option angolaise. Cependant, la Céni se montre optimiste : alors que certaines provinces s’inquiètent par leur enclavement, quelques-unes du nord et du centre du pays ont déjà reçu la quasi-totalité de kits.
De son côté, le président de la Céni Denis Kadima a affirmé que la date butoir du 20 décembre serait respectée et qu'il n'envisageait pas un report des élections. « Faites-nous confiance, c'est notre engagement », a-t-il déclaré, ajoutant que l’une se de ses missions était également d'habituer les Congolais au respect du calendrier électoral.
rfi / Pascal Mulegwa
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