Depuis quatre mois, le directeur de publication adjoint du site d’information Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique et de Reuters croupit dans une cellule de la prison de Makala, à Kinshasa, à la suite de la publication d’un article par la rédaction de Jeune Afrique mettant en cause les renseignements militaires congolais dans l’assassinat d’un ancien ministre devenu opposant, Chérubin Okende, en juillet 2023. Un collectif de journalistes, de défenseurs des droits humains et d'intellectuels ont signé une tribune pour demander sa libération, alors que l'affaire vient de connaître un nouveau rebondissement.
Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre 2023 à Kinshasa. Il est accusé d'avoir fabriqué un « document » attribué à l'Agence nationale des renseignements (ANR). Ce document est à l'origine d'un article de Jeune Afrique non signé par Stanis Bujakera, traitant des circonstances présumées de la mort du député Cherubin Okende.
« Stands Bujakera paie trop cher pour être un journaliste compétent, professionnel », s'indigne le chercheur et expert onusien Alioune Tine, qui a signé la tribune. « Il doit être libéré immédiatement, sans conditions », insiste le directeur du think tank ouest-africain Africajom Center. « Nous estimons également que les autorités doivent aussi respecter la liberté de la presse, d'expression, fondamentales dans toute démocratie qui se respecte. »
« C'est tout à fait symptomatique du rétrécissement de l'espace civique qu'on constate dans la plupart des pays africains, s'inquiète Alioune Tine. Ce sont des tendances lourdes. C'est inquiétant, préoccupant. L'opinion africaine doit réagir, protester et soutenir tous les journalistes qui, comme Bujakera, sont en détention tout simplement pour avoir fait leur travail avec professionnalisme. »
Nouveau rebondissement
De son côté, l'affaire vient de connaître un nouveau rebondissement. Deux mois après sa désignation par le tribunal, l'expert chargé d'effectuer une contre-expertise exigée par la défense a écrit, jeudi, aux juges, indiquant qu'il n'est pas en mesure de remplir les tâches qui lui ont été assignées. La mission de l'expert était de vérifier l'authenticité de la note attribuée à l'ANR et de réexaminer les conclusions du parquet. Il a expliqué qu'il ne dispose plus des équipements adéquats pour mener à bien sa mission.
« L'argument dit que ses machines ont été calcinées et qu'il était en voie d'en acquérir d'autres, ce qui lui prendrait beaucoup de temps, explique Me Jean-Marie Kabengela, avocat de Stanis Bujakera. Nous, nous pensons qu'il n'a pas l'expertise demandée parce qu'il n'est expert qu'en outils informatiques. Alors que pour la question posée, il faut être expert en réseaux de télécommunications. »
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