Candidat à la présidentielle, Denis Mukwege explique dans une déclaration publiée la veille de l’investiture de Félix Tshisejedi pourquoi il était candidat. Il évoque la crise multiforme à laquelle fait face le pays et l’espoir que ces élections générales du 20 décembre 2023 avaient suscité auprès de nombreux compatriotes de vivre pour la première fois une alternance réellement démocratique afin de mettre un terme aux crises récurrentes de légitimité des animateurs des institutions de la République et de refonder le contrat social sur des bases saines.
Il explique également le sens qu’il donnait à ce projet de se présenter devant l’électorat : « Cette candidature était pour moi un acte de responsabilité ». Ses objectifs stratégiques, dit-il, étaient de restaurer la dignité de la Nation congolaise en mettant fin à la guerre, fin à la faim et fin aux vices qui gangrènent nos institutions.
Le prix Nobel de la paix exprime toute son amertume et dénonce des entraves à sa campagne et les fraudes électorales qu’il impute à Felix Tshisekedi : « Force est de constater que ce quatrième cycle électoral n’a pas été organisé pour permettre aux citoyens de choisir librement et démocratiquement ses représentants mais plutôt pour préparer une nouvelle fraude électorale au bénéfice du régime en place, dans un climat de corruption généralisée ».
Lui et d’autres candidats avaient même introduit, en vain, une requête à la Cour constitutionnelle pour examiner la régularité du processus électoral en cours, arguant de multiples irrégularités, afin qu’elle ordonne à la CENI de les rectifier pour ne pas entacher la crédibilité et la transparence des élections à venir.
Dans sa communication, Denis Mukwege cite également plusieurs rapports des missions d’observation électorale qui ont documenté de nombreux cas d’irrégularités, mettant à mal, selon ses dires, l’intégrité des résultats de différents scrutins. Il fonde son argumentaire également sur le fait que la Commission d’enquête mise en place par la CENI elle-même a dévoilé des preuves tangibles d’actes frauduleux commis par certains candidats pendant le déroulement des élections. Dans une démocratie digne de ce nom, déclare-t-il, ces preuves auraient dû conduire à l’annulation pure et simple de tous les scrutins : présidentiel, législatif et municipal.
Denis Mukwege constate que « les maigres acquis démocratiques gagnés depuis l’adoption de la Constitution de 2006 sont encore davantage fragilisés et que ce nouveau déni de démocratie est avalisé par la communauté tant nationale qu’internationale ».
Il regrette le comportement de la communauté internationale : « Nous déplorons l’indifférence et la complaisance sidérante de la diplomatie internationale dont les valeurs fondamentales telles que la démocratie, l’état de droit et les droits humains sont affaiblies et décrédibilisées par le recours trop fréquent à la politique du « double standard ». Ce qui est inacceptable à travers le monde ne peut continuer à prendre le visage du possible en RDC ».
Denis Mukwege rejette ce qu’il appelle simulacre d’élections et regrette qu’il ne puisse déboucher sur des institutions légitimes.
« Alors que notre Nation est en danger, nous connaîtrons des lendemains encore plus difficiles si nous ne faisons rien pour arrêter la tragédie actuelle. Chaque individu et chaque peuple choisit son destin », prédit-il.
Il n’a pas évoqué la suite ou non de sa carrière politique. « Fidèle à nos convictions, nous refusons une fois de plus l’inaction et défions la fatalité. Nous invitons la population congolaise à ne pas céder au désespoir, aux discours de haine et à la violence mais à résister et à garder la flamme de l’espérance allumée car, ensemble, en se tenant main dans la main et en œuvrant avec détermination pour la cohésion nationale et l’unité, nous saurons mettre fin aux anti-valeurs, relever les défis du développement, de la paix, de l’intégrité et de l’indépendance de notre pays. Nous poursuivrons notre mission de prendre en charge et de réhabiliter les victimes de la guerre ainsi que nos efforts de plaidoyer pour la paix, la justice et l’éradication du fléau des violences sexuelles commises comme une arme de guerre et de terreur, en RDC et à travers le monde ».
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