Les victimes des bombardements du camp de déplacés de Mungunga ont été inhumées au nouveau cimetière ou mémorial de Kibati dans la province du Nord-Kivu. Selon les autorités congolaises, c'est en ce lieu que reposeront pour l'éternité les victimes de la barbarie du régime de Paul Kagame. Lors d'un briefing de presse conjoint avec ses collègues du gouvernement, Albert Fabrice Puela, ministre des Droits Humains, a souligné l'importance de cet acte posé par le gouvernement de la RDC à travers le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et autres crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV).
"Plusieurs nous ont reproché de parler de millions de morts, mais où sont ces morts ? Mieux vaut tard que jamais, il n'est jamais trop tard pour mieux faire. Désormais, avec cet établissement chargé de la réparation des violences et autres crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, nous aurons des cimetières Genocost, et c'est le premier exemple, la première expérience que nous avons à Goma. Le Genocost dont on parle doit laisser des traces, il faut savoir rétablir tout ce qui s'est passé. Désormais, à Goma, nous aurons ce cimetière de Genocost où seront enterrées nos victimes. Mais ce n'est pas parce qu'on a maintenant un cimetière que nous encourageons qu'il y ait encore des morts, ça non !" a expliqué Albert Fabrice Puela, ministre des Droits Humains, devant la presse mercredi 15 mai 2024 à Goma, avant de poursuivre : "Il faut que cela s'arrête et tout sera mis en œuvre pour qu'il y ait le moins possible de morts. Mais ceux qui décéderont seront mis là-bas, et nous étudierons la possibilité d'amener aussi les ossements des victimes de Kishishe et d'autres."
Le ministre des Droits Humains a salué la volonté du Président de la République et du gouvernement, qui a permis la mise en place du FONAREV.
"Nous avons connu un nouveau gouvernement avec un autre Président de la République qui a fait de la promotion et de la protection des droits de l'homme son cheval de bataille. On ne reprochera pas à notre chef de l'État de ne pas avoir la volonté de rompre avec ce cycle de violences en instaurant la justice transitionnelle. Pourquoi Kibati ? Pourquoi Genocost justement ? Ailleurs, il existe des cimetières spéciaux, chez nous, il n'y en avait pas. Avec le FONAREV que nous avons aujourd'hui, il était important de constituer un cadre de souvenirs, un mémorial pour nos compatriotes victimes de la barbarie rwandaise," a ajouté ce membre du gouvernement Sama Lukonde.
De son côté, le gouverneur militaire du Nord-Kivu est revenu sur les raisons qui ont conduit au choix du site de Kibati.
"C'est un terrain de l'État parce qu'il appartient aux anciens combattants. C'est 1 hectare 44A ; en ce moment, il n'y avait aucune difficulté à avoir des problèmes avec la population sous prétexte qu'on avait pris leur terre. Autre élément du choix : Vous avez compris que sur l'axe Mugunga, l'ennemi est capable de tirer à 20 kilomètres. Cela ne nous garantissait pas la sécurité pendant les obsèques, surtout que vous avez entendu, vous avez suivi dans les réseaux sociaux que Nangaa a dit : 'Je vais saboter cette cérémonie, je vais bombarder.' Donc, c'est pour des raisons non seulement de sécurité de la cérémonie, mais aussi de l'intérêt de l'État qui ne posera aucun problème," a indiqué le gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Des bombes en provenance de la ligne de front entre les rebelles du M23 et les FARDC ont ciblé, le vendredi 3 mai dernier, un camp de déplacés au quartier Mugunga à Goma, faisant près de 36 morts et 37 blessés parmi les déplacés de guerre en provenance du territoire de Masisi.
Clément MUAMBA, à GOMA / actualite.cd
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