Pendant que l’AFC/M23, soutenu par l’armée rwandaise, faisait son entrée dans Bukavu ce week-end, les chefs d’États de l’Union africaine, étaient réunis à Addis-Abeba pour leur sommet annuel. Le conflit a donné lieu vendredi soir à des échanges houleux. À l’issue du sommet ce dimanche, il n’y a eu ni sanctions, ni condamnation explicite du Rwanda comme le réclame la RDC. Aucune annonce concrète non plus sur un plan de sortie de crise. Cette guerre entre le Rwanda et la RDC crée le malaise au sein de l’organisation.
Un seul pays, le Burundi, a plaidé ce dimanche 16 février pour que les chefs d’État condamnent le Rwanda en conclusion de leur sommet. Mais dans la salle, « personne n’a rebondi », raconte un participant. Dans les couloirs aussi, beaucoup ont évité le sujet et choisi de l’évoquer en des termes très flous. Le Kényan Raila Odinga interrogé par une journaliste a tout simplement répondu : « Je ne veux pas en parler ».
Vendredi, la réunion du conseil paix et sécurité de vendredi consacré à cette guerre a été explosive. La RDC a plaidé pour que l'UA sanctionne le Rwanda, pour « son agression » d’un territoire souverain. Furieux, le président Kagame a rejeté l’entière responsabilité du conflit sur la RDC. Une tension telle que la conférence de presse prévue à l'issue a été annulée et 48h plus tard, le communiqué final n’a pas encore été publié.
Dans l'après-midi, le commissaire Paix et sécurité, Bankolé Adeoyé, a tout de même donné une conférence de presse pour appeler au « retrait immédiat du M23 et de ses partisans de toutes les villes occupées ». Il n'a pas mentionné le Rwanda et insisté aussi sur la nécessité d'un « dialogue large et inclusif pour mettre fin à cette crise ». Côté congolais, on se félicite que Kigali n'ait pas obtenu le siège que le pays briguait au sein de ce conseil de paix et de sécurité. Un « vote sanction », selon certains analystes, même si d'autres facteurs ont pu jouer et que l’influence de Paul Kagame au sein de l’UA reste très importante.
« Les sanctions n’ont pas toujours réglé les problèmes », a estimé dimanche au micro de France 24 le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, « ce qui nous importe, c'est la recherche d’une vraie solution à la crise ».
À ce propos, les chefs d’État ont approuvé sur le principe la fusion des deux processus de Luanda et de Nairobi pour éviter les interférences entre différents canaux de médiation, mais sur la mise en œuvre de cette fusion, aucune précision.
Parmi les questions qui se posent : celle du devenir des actuels médiateurs, le Kényan Uhuru Kenyatta, et l’Angolais João Lourenço, qui assure désormais la présidence tournante de l’organisation, et que le président rwandais juge trop proche des positions de Kinshasa.
rfi
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