De violents affrontements ont éclaté à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), dans l’après-midi du mardi 15 septembre, alors qu’une grande confusion régnait en marge d’un rassemblement d’opposition.
Quelque trois mille personnes étaient réunies à l’appel d’un collectif d’opposants, pour exiger la tenue dans les temps prévus de la prochaine élection présidentielle devant avoir lieu en novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit au chef de l’Etat de se présenter.
Une dizaine de dirigeants de partis, rassemblés au sein de la « dynamique de l’opposition », se sont succédé à la tribune pour réclamer le départ de Joseph Kabila en 2016, jusqu’à ce que le rassemblement soit attaqué à coups de pierre par une dizaine de personnes au moins, également armées de bâtons.
Un blessé grave
La situation a dégénéré peu avant 16 heures (heure de Paris) sur la place Sainte-Thérèse de Ndjili, dans le sud de la capitale de la République démocratique du Congo. Une journaliste de l’Agence France-Presse a vu une dizaine de jeunes participants à la manifestation frapper violemment pendant plusieurs minutes un homme gisant au sol qu’ils avaient visiblement pris pour un des agresseurs, sans qu’aucun représentant des forces de l’ordre ne vienne mettre fin à ce lynchage.
Très vite, la place s’est vidée dans un grand désordre. Une vingtaine de policiers armés de matraques ont fini par intervenir pour faire cesser la bastonnade et récupérer une personne grièvement blessée. La situation restait tendue vers 15 h 45, alors que des renforts de police affluaient dans le quartier et que de petits groupes se formaient çà et là sur la place et dans les rues adjacentes.
Certains groupes de jeunes vindicatifs, sans aucune appartenance politique visible, s’en prenaient aux forces de l’ordre, leur jetant parfois des pierres, sans que ces dernières ne ripostent.
Le président au pouvoir depuis quatorze ans
Joseph Kabila est au pouvoir depuis quatorze ans. Il a succédé à son père, Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001, après avoir participé à la rébellion qui a chassé le dictateur Mobutu Sese Seko en 1997. La Constitution lui interdit normalement de se présenter à la prochaine élection présidentielle prévue en novembre 2016.
En janvier, des manifestations et des émeutes ont éclaté en opposition à un projet de loi électorale imposant un recensement avant la prochaine élection, et retardant le départ de Joseph Kabila dans un pays vaste et éclaté. Le projet de loi a finalement été adopté à la fin de janvier, mais sans la mesure, controversée, du recensement. Le bilan de ces manifestations était très lourd – 13 morts, selon le gouvernement ; une quarantaine, selon la Fédération des droits de l’homme (FIDH). La FIDH et Human Rights Watch parlaient à l’époque de 21 personnes abattues par les forces de l’ordre.
En mai, Joseph Kabila avait lancé des consultations « avec toutes les forces vives de la nation », un geste alors interprété par certains opposants comme un stratagème pour rester au pouvoir.
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