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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

Deux vidéos transmises à la rédaction des Observateurs documentent l’accouchement d’une Nigériane dans un centre de détention près d’Alger le 7 juillet, à même le sol et sans équipement médical. Le centre, à Dely Ibrahim dans la banlieue de la capitale, est utilisé par les autorités algériennes pour regrouper les migrants subsahariens avant de les refouler vers le Niger voisin. La mère et le bébé ont été hospitalisés, sans qu’il ne soit possible de savoir s’ils seront refoulés.

Des femmes d’un centre de migrants aide une jeune mère à accoucher sur le sol d’un centre de refoulement. © Les Observateurs 

C’est une scène chaotique : une mère accouche à même le sol, sans équipement ni personnel médical, les femmes autour d'elle crient et sanglotent. La vidéo a été filmée à l’aide d’un des rares téléphones qui a échappé à la vigilance des policiers, dans le centre de refoulement de Dely Ibrahim, près d’Alger. 

Le bébé, encore relié à sa mère par le cordon ombilical, est lavé par plusieurs femmes à l’aide d’une bouteille d’eau en plastique. Une des femmes en t-shirt bleu, qui tient le nouveau-né, l’enveloppe ensuite dans un linge avant de le poser sur le ventre de sa mère. 

Captures d’écran de la vidéo de l’accouchement transmise à la rédaction des Observateurs. La mère, au centre de la scène, est assistée par d’autres femmes migrantes du centre.
Captures d’écran de la vidéo de l’accouchement transmise à la rédaction des Observateurs. La mère, au centre de la scène, est assistée par d’autres femmes migrantes du centre. © Les Observateurs de France 24

Sur une deuxième vidéo, la mère et l’enfant ne sont plus là. La caméra montre une trace de sang sur le sol, tandis qu’on entend plusieurs voix inquiètes s’interroger. La personne qui filme répète : “Le bébé est tombé ?”, “Où est le bébé ?”. Elle tourne ensuite sa caméra vers une fenêtre à barreaux qui donne vers l’extérieur, où l’on distingue des hommes en uniforme et une ambulance de la protection civile algérienne. 

La rédaction des Observateurs a choisi de ne publier que des captures d’écran des vidéos pour protéger l’identité de la mère et de son bébé et des personnes dans le camp.  

Captures d’écran de la seconde vidéo transmise à la rédaction des Observateurs. Plusieurs femmes tentent de voir ce qu'il advient de la mère et de l'enfant à travers la fenêtre du centre, où on distingue une ambulance.
Captures d’écran de la seconde vidéo transmise à la rédaction des Observateurs. Plusieurs femmes tentent de voir ce qu'il advient de la mère et de l'enfant à travers la fenêtre du centre, où on distingue une ambulance. © Les Observateurs de France 24

Selon une source diplomatique contactée par notre rédaction, la jeune femme est de nationalité nigériane, elle a accouché le 7 juillet 2023 à Dely Ibrahim. Elle a été prise en charge à l’hôpital et a même reçu, le 8 juillet, la visite de l’ambassadeur de son pays.

“On pisse et on dort à même le sol, les odeurs nous étouffent” 

La scène a été filmée par une ressortissante camerounaise qui a ensuite envoyé les deux vidéos à son ami, Paul (pseudonyme), camerounais lui aussi. Il a alerté la rédaction des Observateurs de France 24. Ancien détenu du camp lui-même, il dit avoir été refoulé au Niger ces dernières semaines.  

Je suis passé par ce centre pendant une semaine. Les conditions sont terribles. Je n’avais pas d’eau,  pas de nourriture. On pisse et on dort à même le sol, les odeurs nous étouffent.  Le camp n’est pas grand, environ six pièces. On nous enferme à 500 -1000 personnes.

 

Les vidéos de l’accouchement laissent entrevoir les locaux rudimentaires du centre bondé, où la jeune femme a dû accoucher sur le sol.
Les vidéos de l’accouchement laissent entrevoir les locaux rudimentaires du centre bondé, où la jeune femme a dû accoucher sur le sol. © Les Observateurs de France 24

La police algérienne confisque nos téléphones, parce qu’ils ont peur qu’on prenne des enregistrements pour dénoncer les conditions de vie.

Expulsions dans le désert 

Le ministère algérien de l’Intérieur n’a pas répondu à nos demandes sur l’avenir de la mère et l’enfant une fois qu’ils seront sortis de l'hôpital.

S’ils sont expulsés vers le Niger, ils risquent de faire face à de nouvelles épreuves, à commencer par le voyage vers Tamarasset, première étape à environ 2 000 kilomètres au sud d’Alger. “Paul” poursuit :

On quitte le centre dans des bus, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. On vous donne du pain rassis et quelques bouts de fromage, c‘est tout. Il y a des policiers à l’intérieur qui nous escortent. Ils sont armés, de pistolets et matraques. Pour ceux qui voudraient protester pendant le voyage, ils vous insultent : “ Vous les n***, on n’a pas besoin d’un noir en Algérie, rentrez chez vous”. 

Après le trajet en bus jusqu’à Tamarasset, les migrants refoulés sont ensuite conduits en camion à la frontière nigérienne et lâchés en plein désert, au “Point Zéro”. Ils doivent gagner ensuite par leur propre moyen la ville nigérienne d’Assamaka, à une dizaine de kilomètres de la frontière.  

“ Il y a régulièrement des femmes avec des bébés, parfois des femmes enceintes”

Parmi les refoulés, il n’est pas rare de voir des personnes très fragiles, comme l’explique Moctar Dan Yayé, membre d’“Alarm Phone Sahara”, un projet qui documente les migrations vers le Niger. 

Dans les rafles de migrants subsahariens en Algérie, ils ne font pas de différences.  Il y a régulièrement des femmes avec des bébés, parfois des femmes enceintes, parmi les refoulés qui arrivent au Niger. Je me rappelle notamment avoir vu arriver en février une femme avec un bébé de seulement huit mois. Elles viennent ici dans des conditions déplorables. 

 

De jeunes enfants sont visibles dans le centre de Dely Ibrahim, sur l’une des vidéos documentant l’accouchement.
De jeunes enfants sont visibles dans le centre de Dely Ibrahim, sur l’une des vidéos documentant l’accouchement. © Les Observateurs de France 24

Dans le désert, il fait soit extrêmement chaud, soit extrêmement froid et sec. Certaines personnes s’y égarent. On a déjà trouvé des corps sur le trajet. Mais comme nous n’avons pas de contact avec les autorités algériennes, il est difficile de documenter exactement combien de personnes perdent la vie. 

Hormis un accord de 2014 qui concerne les migrants nigériens, rien n’encadre ces refoulements “non-officiels” que l’Algérie opère régulièrement depuis 2018. Le traitement des  migrants et demandeurs d’asile subsahariens en Algérie sont depuis largement dénoncés par les ONG de défense des droits de l’Homme, qui pointent l’absence de procédures encadrées. Certaines personnes sont même expulsées alors que leurs papiers sont en règles.  

Selon l’Organisation mondiale pour les migrations, plus de 9 000 personnes ont été refoulées d’Algérie vers le Niger depuis le début de l’année. 

france 24

 

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