C’est aujourd’hui mercredi 22 mai que s'ouvre à Tunis le procès de Saadia Mosbah, une des figures de la lutte contre le racisme anti-noirs en Tunisie. À la tête d’une association dénonçant la négrophobie - qu'elle touche les Tunisiens noirs ou les ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest et centrale établis ou de passage en Tunisie -, elle est poursuivie pour blanchiment d’argent. Les défenseurs des droits de l’homme, eux, voient dans ces poursuites une tentative du pouvoir de faire taire cette association jugée dissidente.
Cela fait deux semaines déjà que l’égérie de la lutte contre le racisme anti-Noirs est détenue en Tunisie. Outre les soupçons de blanchiment d’argent, la militante de 64 ans risque - selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) - de nouvelles poursuites sans que celles-ci aient encore été précisées. Des poursuites qui interviennent alors que plusieurs associations tunisiennes d’aide aux migrants sont accusées de faciliter leur établissement en Tunisie.
Depuis son arrestation, début mai, Saadia Mosbah, lauréate du Prix du secrétaire d'État américain pour la lutte contre le racisme cet été, a reçu de très nombreux soutiens en provenance de l’étranger, dont la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) à Paris. Des appuis qui, paradoxalement, peuvent fragiliser sa défense alors que la Tunisie baigne dans un climat de complotisme poussé.
L'association dont elle est présidente, Mnemty, faisait partie des rares associations de la société civile tunisiennes montées au créneau l’an dernier suite aux propos du président Kaïs Saïed évoquant la théorie du grand remplacement en Tunisie.
Des observateurs de la vie politique tunisienne estiment que l’association paye aujourd’hui ces prises de positions opposées à la politique du régime.
rfi
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