RFI a appris que des arrestations ont eu lieu la nuit du putsch au Gabon, au sein du Centre gabonais des élections (CGE), l'instance qui organisait le scrutin du 26 août. Après l'annonce des résultats des élections générales, le coup d'État a été enclenché mercredi 30 août, et des militaires sont arrivés au CGE et ont embarqué plusieurs responsables.
Durant la nuit du 29 au 30 août 2023, le CGE s'est réuni en session plénière, donc avec les membres du bureau, du personnel et les ministères techniques associés aux élections : Intérieur, Défense et Affaires étrangères. Vers une heure du matin, un représentant de la présidence est venu dans les locaux pour filmer Michel Stéphane Bonda annoncer les résultats.
La plénière s'est terminée, la vidéo avec les chiffres définitifs a commencé à être diffusée à la télévision nationale et le coup d'État a commencé.
« Nous avons été tabassés et pris par des agents encagoulés »
Les putschistes sont ensuite arrivés dans les locaux du CGE vers 4 heures du matin et ont embarqué les personnes encore sur place, c'est-à-dire les membres du bureau du Centre des élections, soit sept personnes appartenant au pouvoir et à l'opposition. Ils ont aussi arrêté des employés qui étaient là et des fonctionnaires des ministères qui n'étaient pas encore partis. En tout, au moins une vingtaine de personnes.
« Nous avons été tabassés et pris par des agents encagoulés. On nous a séparés, emmenés à la Garde républicaine et ailleurs », a confié un employé interpellé. Ce dernier a finalement été relâché, comme d'autres. Mais une partie reste en détention, notamment les responsables du CGE.
Les mutins, au moment du putsch, avaient annoncé l'arrestation de hauts responsables du régime. Beaucoup d'autres proches des autorités, notamment au PDG, le parti présidentiel, font profil bas.
Joints par RFI, ils expliquent attendre de voir s'il y a d'autres mesures de la junte. Les « PDGistes » se donnent des nouvelles, mais la plupart restent chez eux ou chez des proches. Le parti est dans l'incertitude, désorganisé, avec le président Bongo en résidence surveillée et son secrétaire général aux arrêts.
« Quand il y a un danger, les gens quittent le navire »
Un responsable du Parti démocratique gabonais explique que sans la famille Bongo, le mouvement aura du mal à fonctionner. « Nous n'avons pas de financement propre. À chaque activité, il fallait demander de l'argent au président », confie cette source.
Le parti risque-t-il de disparaître ? En tout cas, un affaiblissement semble certain. « C'est humain. Quand il y a un danger, les gens quittent le navire. Beaucoup étaient là pour obtenir des postes. Si le verrou saute, une partie quittera le PDG », indique un représentant, lui-même ancien opposant. Il ajoute qu'il était entré au parti, car il manquait d'argent et n'avait plus de travail, et pourrait donc ne pas rester.
Un haut cadre dit que le putsch pourrait être un mal pour un bien. « Certains sont là par opportunisme. Il y a eu des abus, des gens qui se sont enrichis. Une purge pour retirer le mal à la racine », estime-t-il.
rfi
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