Au lendemain de l’annulation du report de la présidentielle par le Conseil constitutionnel, le président du pays déclare dans un communiqué s’engager à mener « sans tarder les consultations nécessaires pour l’organisation de l’élection présidentielle dans les meilleurs délais »
Au lendemain de l'arrêt historique des « Sages », le Sénégal, dans l'attente de savoir quand et comment il allait voter, était suspendu à la réaction du président du pays. Le chef de l'Etat Macky Sall a rompu le silence sous la forme d'un communiqué publié par ses services.
Il « entend faire pleinement exécuter la décision du Conseil constitutionnel » et « mènera sans tarder les consultations nécessaires pour l'organisation de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais », dit le texte. Ce même texte ajoute que Macky Sall « a pris acte de cette décision [du Conseil constitutionnel, Ndlr] qui s’inscrit dans le cadre des mécanismes juridictionnels normaux ».
Macky Sall lève ainsi le doute sur sa volonté d’appliquer la décision de la plus haute instance judiciaire du pays, alors qu’il y a quelques jours encore il avait laissé ouverte la possibilité de ne pas exécuter une décision du conseil des Sages lors d’un entretien avec l’agence de presse américaine AP.
Le président Macky Sall promet donc d’entreprendre les consultations nécessaires pour définir une date. Depuis jeudi, des rencontres ont d’ailleurs commencé entre le président sortant et certains candidats. D’autres confirment avoir été contactés. Tous ne sont pas d’accord encore sur la pertinence de ces discussions avec le président, pointenotre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff.
Nous voulons plus de clarté, affirment ainsi les candidats Déthié Fall et Anta Babacar Ngom, sur ce que ce « meilleur délai » veut dire, et la garantie que l’élection sera organisée avant la fin du mandat du président de la République. Car aucun rendez-vous électoral n’a encore été annoncée par le chef de l’État, alors que certains membres de la majorité affirment déjà qu’il sera difficile d’organiser une présidentielle avant le 2 avril, comme l’exige la Constitution. Résultat, la société civile dit vouloir maintenir la pression et tente de poursuivre sa mobilisation.
À Dakar, deux manifestations non-autorisées étaient par exemple annoncées ce vendredi après-midi pour protester contre le report de la présidentielle, indique notre correspondante Juliette Dubois. Les organisateurs les ont maintenues malgré la décision du Conseil constitutionnel d’invalider le report et le communiqué de la Présidence sénégalaise. Une centaine de personnes sont finalement sorties brièvement dans le quartier des Parcelles assainies, dont des figures du mouvement de la société civile, la plateforme F24 et des citoyens, pour demander le départ du président au 2 avril, date de fin de son mandat. Une marche qui a été dispersée par des gaz lacrymogènes des forces de sécurité au bout d’un quart d’heure.
Après la déclaration de Macky Sall qui s’engage à mener des consultations pour organiser une élection « dans les meilleurs délais », la communauté internationale, qui a réagi avec prudence à la décision du Conseil constitutionnel, se dit soulagée mais reste vigilante.
Par Sébastien Nemeth
Institutions internationales et pays étrangers réagissent pour la plupart avec une certaine retenue à l’arrêt sans précédent du Conseil constitutionnel. Cédéao, ONU, France ou encore États-Unis « prennent acte » ou « prennent note », traduisant ainsi une grande prudence diplomatique. Pas de triomphalisme donc, après l’inquiétude suscitée par le report de l’élection, même si Washington dit quand même « se réjouir » de cette décision.
La plupart demandent maintenant aux autorités sénégalaises de respecter la décision des juges. Et notamment d’organiser des élections « dans les meilleurs délais » disent la Cédéao, la France et les États-Unis. Une expression reprise telle quelle par la présidence sénégalaise dans son communiqué.
Beaucoup ont encore en mémoire les violences survenues lors des manifestations contre le report du scrutin. Pas étonnant donc que la plupart appellent au calme. La Cédéao demande aux politiques et aux forces vives de « faire preuve de retenue et de privilégier le dialogue ». La France, elle, « encourage tous les acteurs à travailler à l’apaisement du climat politique ».
Dans sa réaction, l’UE dénonce d’ailleurs « un recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestants ». Les diplomates internationaux sentent bien donc que le chemin est encore long avant les élections et qu’un nouveau coup de théâtre n’est pas impossible.
rfi
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