De nouveaux affrontements entre forces de l’ordre et manifestants contre le projet de réforme de la constitution congolaise ont eu lieu mercredi à Brazzaville. La veille, au moins quatre personnes ont été tuées dans des heurts.
Barricades érigées, voitures incendiées, et boutiques pillées... la nuit a été agitée à Brazzaville. La matinée n'a pas été plus calme : de nouvelles échauffourées ont éclaté dans la capitale congolaise.
Comme la veille, sur une avenue proche de l'aéroport international Maya-Maya, dans l'ouest de Brazzaville, des groupes de quelques dizaines de personnes et les forces de l'ordre se sont affrontés. La police a tiré à plusieurs reprises des grenades lacrymogènes selon un journaliste de l’AFP.
Des images envoyées par des Observateurs de France 24 montrent également des commissariats de police incendiés, des violences qualifiées "d’insurrection organisée et coordonnée visant les symboles de la République" par le gouvernement.
Pour l’heure, aucun bilan du nombre de blessés ou d’éventuels décès n’a été communiqué pour la journée de mercredi. La veille, les affrontements avaient fait au moins quatre morts et plusieurs blessés selon des sources hospitalières. Selon le gouvernement congolais, trois policiers ont également été grièvement blessés. L'Internet mobile, les services de messageries instantanées et le signal de la radio française RFI étaient coupés à Brazzaville.
Six opposants brièvement arrêtés
Six dirigeants de l'opposition congolaise à la tête de la campagne contre le référendum constitutionnel de dimanche au Congo ont été brièvement interpellés par la police mercredi à Brazzaville. Les opposants s’apprêtaient à donner une conférence de presse, au siège de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS). Il leur était reproché d'avoir été "vus mercredi avec des militants qui portaient des cocktails Molotov".
Tous les six ont comparu devant le procureur de la République, qui a demandé leur libération mais a ordonné à quatre d'entre eux de se présenter devant lui jeudi.
Depuis l'annonce, au début du mois, de la tenue d'un référendum dimanche 25 octobre, deux coalitions d'opposition dénoncent un "coup d'État constitutionnel". Cette consultation sur un projet de nouvelle Constitution doit faire sauter les verrous législatifs - l'âge limite du candidat, par exemple - empêchant Denis Sassou-Nguesso, 72 ans, de se présenter pour un troisième mandat en 2016. L'homme tient les rênes de l'État depuis 30 ans.
"Sassou a le droit de consulter son peuple"
En marge d’une rencontre avec le président malien Ibrahim Boubacar Keita, François Hollande s’est prononcé sur l’organisation d’un référendum pour modifier la constitution congolaise. "Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit, et le peuple doit répondre. Une fois que le peuple a été consulté - et cela vaut pour tous les chefs d’État de la planète - il faut veiller à rassembler, à respecter, et à apaiser", a-t-il déclaré mercredi.
Une déclaration dénuée de prise de position très nette, estime Antoine Glaser spécialiste de l’Afrique. "Quand vous êtes l’ancienne puissance coloniale, vous êtes toujours dans l’ambigüité", a-t-il déclaré sur le plateau de France 24. "La France a évidemment des intérêts stratégiques et économiques en Afrique. Entre les discours sur la démocratie et les principes, et de l’autre côté la real-politique, elle a du mal à se défaire de ces ambivalences".
Avec France 24
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