L’Union européenne a reçu, le 8 décembre, à Bruxelles, une délégation burundaise conduite par le ministre des Affaires étrangères, Alain Willy Nyamitwe. Les autorités de Bujumbura ont été invitées pour assurer l’UE des mesures prises pour favoriser le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques dans leur pays. À l’issue des négociations, Bujumbura n’a pas convaincu les 28 en la matière.
Tenant compte du fait que le Burundi n’ait respecté ni les droits de l’Homme, ni l’Etat de droit, ni la démocratie, l’UE a annoncé son désir de geler prochainement sa coopération avec Bujumbura. Bruxelles a estimé que les positions « exprimées par Bujumbura ne permettent pas de remédier aux manquements essentiels de son partenariat » avec le Burundi, souligne l’UE dans un communiqué. Les projets de coopération en cours seront donc gelés, exceptées les actions de type humanitaire ou bénéficiant directement aux populations.
Malgré cette première mesure issue de la concertation entre les deux parties, l’UE attend un signal positif du Burundi à savoir: l’engagement ferme du gouvernement burundais à participer dans les meilleurs délais au dialogue. Les 28 attendent donc des gages de bonne volonté dans le cadre du respect des droits de l’Homme de la part du régime de Pierre Nkurunziza. Ils ont prévenu que si la violation des droits humains se poursuit à travers le Burundi, la seule option à prendre en pareille circonstance sera inévitablement de rompre la coopération avec ce pays. « L’engagement ferme du gouvernement burundais à participer dans les meilleurs délais au dialogue, selon le vœu du Conseil de Sécurité de l’ONU, constituera toutefois un signal positif », poursuit l’UE.
En somme, Bruxelles a assuré qu’elle continuera à suivre avec attention la situation au Burundi. L’UE a, en outre, réitéré sa disposition à des discussions constructives, et veiller sur les engagements concrets et crédibles que pourront prendre les autorités burundaises, tant sur la question du respect des principes démocratiques que ceux liés aux droits de l’Homme. L’enjeu est de taille puisqu’il concerne la reprise d’un programme de coopération de 432 millions d’euros pour les cinq prochaines années.
Plusieurs points ont figuré à l’ordre du jour de la rencontre : réouverture des médias privés, sécurité pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’Homme. S’y ajoutent la nécessité d’une justice équitable, et d’enquêtes sérieuses sur les allégations de torture et/ou d’exécution extrajudiciaire. La reprise d’un dialogue inclusif sous médiation internationale et la mise en place d’un plan de sortie de crise ont fait également partie des sujets abordés. En ce qui concerne la situation sécuritaire, l’UE a demandé la poursuite du désarmement en présence d’observateurs internationaux.
La dégradation des relations entre Bruxelles et Bujumbura ne datent pas d’aujourd’hui, mais depuis le début de la crise, la partie européenne n’a jamais été si catégorique sur le manque de bonne volonté du pouvoir burundais. Les sanctions brandies à l’encontre du régime suivent celles annoncées précédemment par les Etats-Unis ainsi que celles de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l’organisation sous régionale, de retirer provisoirement son siège de la capitale burundaise.
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