L'essentiel
- Des combats violents et localisés opposent forces loyalistes et soldats putschistes à Bujumbura.
- Le général Godefroid Niyombare, ex-chef du service des renseignements, a annoncé mercredi la destitution du président Pierre Nkurunziza, alors en déplacement à l'étranger.
- Depuis le 26 avril, des milliers de Burundais manifestent contre sa candidature à un troisième mandat, qu'ils jugent inconstitutionnelle.
La situation était incertaine jeudi 14 mai au Burundi, au lendemain de l'annonce par le général Godefroid Niyombare, ex-chef du service des renseignements, de la destitution du président Pierre Nkurunziza, en déplacement à l'étranger. Dans la matinée, il était impossible de savoir qui contrôlait le pays, secoué depuis le 26 avril par un mouvement de contestation contre une nouvelle candidature de M. Nkurunziza à l'élection présidentielle prévue le 26 juin.
La Constitution limitant à 2 le nombre de mandats consécutifs, les opposants jugent que ce troisième mandat serait inconstitutionnel. M. Nkurunziza a cependant obtenu, le 5 mai, le feu vert de la Cour constitutionnelle. Mais selon l'un de ses membres qui a, depuis, fui le pays cette décision a été « imposée », sous la menace.
Combats violents
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Des combats localisés et violents ont opposé des soldats putschistes et les forces loyalistes dans la capitale Bujumbura. Selon l'envoyé spécial du Monde sur place, il est impossible à l'heure actuelle de connaître les moyens militaires et humains des forces en présence.
Des échanges de tirs ont notamment été entendus aux abords de plusieurs médias. Selon une source au sein des militaires putschistes, le bâtiment de la radio-télévision nationale (RTNB) a été attaqué à l'aube après que le chef d'état-major des forces armées burundaises, Prime Niyongabo, resté loyal au président, eut annoncé l'échec du coup d'Etat sur ses ondes.
La Radio publique africaine (RPA), une radio indépendante, la plus écoutée du pays, a également été pillée. Accusée de proximité avec l'opposition par le pouvoir, elle avait été fermée le 27 avril par les autorités, qui lui reprochaient une « complicité à la participation à un mouvement insurrectionnel » en relayant les appels à manifester contre la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel. Elle avait de nouveau émis mercredi après-midi.
« Cette nuit, une camionnette remplie de policiers a attaqué la RPA. Ils ont affronté pendant longtemps des soldats qui protégeaient cette station. Finalement ils ont tiré à la roquette sur la RPA, qui a été incendiée », a affirmé Innocent Muhozi, président de l'Observatoire de la presse au Burundi et patron de Télé Renaissance, elle aussi attaquée selon lui.
L'annonce de la destitution de Pierre Nkurunziza a été accueillie mercredi par des scènes de liesse à Bujumbura, où de nombreux manifestants ont fraternisé avec les militaires et grimpé sur des blindés. Le général Godefroid Niyombare, à l'origine du putsch, a assuré avoir le soutien de nombreux hauts gradés de la police et de l'armée.
Selon plusieurs sources, le président Pierre Nkurunziza serait, lui, toujours en Tanzanie, à Dar es-Salaam, où il s'est rendu mercredi pour un sommet de la Communauté est-africaine (Burundi, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda) consacré à la crise politique burundaise. Le quotidien Kenya Today affirme, lui, qu'il aurait atterri au Kenya jeudi à la mi-journée, citant des sources aéroportuaires.
Avec AFP
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