L'ancien président du Burundi et ex-haut représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel est décédé à 71 ans. Il est mort cette nuit alors qu'il était en train de rejoindre un hôpital parisien.
Pierre Buyoya, 71 ans, avait contracté le coronavirus alors qu'il se trouvait à Bamako au Mali. Il était hospitalisé depuis une semaine à la clinique Pasteur dans la capitale malienne, placé sous respirateur artificiel. Son état de santé s'est brusquement dégradé, selon une source familiale.
Il a finalement été évacué par un avion médicalisé vers Paris jeudi en début d’après-midi et est arrivé dans la capitale française dans la soirée. Trop tard puisqu’il est décédé durant son transfert en ambulance d’un aéroport parisien vers l’hôpital Américain de Neuilly, où il était suivi depuis longtemps pour des problèmes de santé.
Difficile pour l’instant de savoir où et quand l’ancien chef de l’État sera inhumé. Les relations entre l’ancien chef de l’état et le pouvoir burundais étaient au plus mal depuis le début de la crise de 2015, due à la décision du président Pierre Nkurunziza, décédé en juin, de briguer un troisième mandat. Des membres de sa famille sont déjà en route pour la France et devraient arriver à Paris ce vendredi pour décider de la suite.
Double putschiste
Pierre Buyoya est né en 1949 dans la province de Bururi, dans le sud du pays et a dirigé le Burundi à deux reprises. Officier de carrière, il prend une première fois le pouvoir en 1987 à la faveur d’un coup d’État militaire avant de le remettre volontairement en 93 au premier président hutu du Burundi démocratiquement élu, Melchior Ndadaye. Ce dernier est assassiné trois mois à peine après son accession au pouvoir lors d’une tentative de coup d’État militaire par l’armée, alors dominée par la minorité tutsie. Le Burundi plonge dans une terrible guerre civile. Nouveau coup d’État de Buyoya en 1996.
Il engage le pays dans les négociations d’Arusha qui vont aboutir en 2000 à la signature de l’accord de paix pour le Burundi. Il quitte de nouveau le pouvoir en 2003, avant de se lancer dans une nouvelle carrière de médiateur dans les conflits africains. Pierre Buyoya est nommé Haut représentant de l’Union africaine au Mali et au Sahel en 2012. Ses relations avec le pouvoir burundais actuel sont alors au beau fixe. Elles se sont envenimées à la faveur de la crise de 2015 au Burundi, le pouvoir lui reprochant d’être un des instigateurs de celle-ci, malgré ses dénégations. Il faut savoir que, à tort ou à raison, son ombre a toujours plané au-dessus de ce pays.
Depuis, la justice burundaise l’avait condamné à la prison à perpétuité en octobre pour l’assassinat il y a 27 ans de son successeur Melchior Ndadaye. Un procès que l’intéressé avait qualifié de « mascarade politique ». Il y a trois semaines, l’ancien président burundais avait démissionné de son poste de Haut représentant de l’Union africaine, afin de pouvoir disait-il « se défendre et laver son honneur ».
RFI
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