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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

L'opposant Ousmane Sonko, dont l'arrestation avait provoqué la semaine dernière une vague de contestation au Sénégal et la mise en place d'un impressionnant dispositif sécuritaire à Dakar, a été libéré lundi sous caution. Dans la soirée, il a appelé à une mobilisation "beaucoup plus importante" mais "pacifique" tandis que le président Macky Sall exhortait de son côté à "éviter la logique de l'affrontement".

 

L'opposant sénégalais Ousmane Sonko, accusé de viol, a été inculpé lundi 8 mars mais libéré et placé sous contrôle judiciaire après sa comparution devant un juge, a annoncé son avocat. Dans la soirée, il a demandé aux Sénégalais de renforcer leur "mobilisation", tout en réclamant que la "révolution" selon lui en cours soit "pacifique".

"La révolution est déjà lancée, rien ni personne ne pourra l'arrêter", a-t-il précisé devant la presse. "Il faut garder cette mobilisation, il faut qu'elle soit beaucoup plus importante même, mais il faut surtout qu'elle soit pacifique", a ajouté le député.

Dans la foulée, le président Macky Sall a appelé de son côté au calme et à "éviter la logique de l'affrontement".

Trois jours de heurts

L'arrestation d'Ousmane Sonko, le 3 mars, avait provoqué la semaine passée trois jours de heurts entre jeunes et forces de l'ordre, de pillages et de saccages dans ce pays de 16 millions d'habitants considéré d'ordinaire comme un îlot de stabilité politique.  

Un collégien a été tué samedi à Diaobé, dans le sud du Sénégal, selon des sources de sécurité, portant à cinq le nombre de morts.

Ousmane Sonko se trouvait au palais de justice, lundi, dès 5 h 30 (locales et GMT), dans l'attente de sa présentation au juge. 

Les abords du tribunal avaient été bouclés et des véhicules blindés positionnés à proximité. D'autres blindés, de l'armée ceux-là, équipés de mitrailleuses, avaient été disposés à l'entrée d'un quartier populaire théâtre d'affrontements la semaine passée. 

Une colonne d'une dizaine de blindés semblables avait par ailleurs été vue passant sur la place de l'Indépendance, centre du quartier névralgique du Plateau, siège des grandes institutions, dont la présidence. Cette dernière était elle-même placée sous haute protection et ses accès barrés. 

Le président attendu 

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, avait été arrêté officiellement pour trouble à l'ordre public alors qu'il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos. 

Personnalité au profil antisystème, le député crie au complot ourdi par le président lui-même pour l'écarter de la prochaine présidentielle. 

Macky Sall a démenti les incriminations d'Ousmane Sonko fin février. Confronté à des choix délicats entre indépendance proclamée de la justice, pression de la rue, et conséquences politiques du sort d'Ousmane Sonko, il a depuis gardé le silence en public sur l'affaire.

Contestation au Sénégal : fermeture des écoles, la mobilisation ne faiblit pas
 

La garde à vue d'Ousmane Sonko avait été levée dimanche dans le dossier de trouble à l'ordre public, a indiqué à l'AFP un de ses conseils, Me Étienne Ndione. Mais il est resté entre les mains des autorités en vertu du mandat d'amener délivré contre lui dans l'affaire de viols présumés. 

Le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D), comprenant le parti de l'opposant, des formations d'opposition et des organisations contestataires de la société civile, avait appelé "à descendre massivement dans les rues" à partir de lundi et pendant trois jours. 

Intervention des chefs religieux

La tension avait fait craindre une nouvelle escalade et l'activité était considérablement ralentie à l'aube dans la capitale, visiblement inquiète. Les autorités ont suspendu l'école pendant une semaine pour "protéger" les enfants et les enseignants. 

L'arrestation d'Ousmane Sonko a non seulement provoqué la colère de ses partisans, mais elle a aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble l'exaspération accumulée par la dégradation, au moins depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, des conditions de vie dans un pays déjà pauvre.

 

Les différentes parties, à commencer par le président, sont pressées de toutes parts de trouver les voies de la désescalade.

Les Sénégalais "veulent vous entendre, pourquoi diable ne leur parlerez-vous pas ?", a déclaré dimanche une haute personnalité, le médiateur de la République Alioune Badara Cissé. "Faites-le avant qu'il ne soit trop tard."

Les ambassades de l'Union européenne et de ses États membres, mais aussi des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de la Suisse, du Japon et de la Corée du Sud ont appelé à "une restauration pacifique du calme et du dialogue". Les États d'Afrique de l'Ouest ont exhorté "au calme et à la retenue".

Plus que ces incitations internationales, ce sont celles des chefs religieux, chrétiens et surtout musulmans, qui risquent de peser. Leurs émissaires, en particulier ceux des khalifes à l'influence considérable sur le pouvoir et la société, ont rencontré le chef de l'État, a rapporté dimanche le dignitaire Serigne Mansour Sy. Macky Sall "nous a écoutés et nous attendons ses décisions", a-t-il déclaré.

Avec AFP

 

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