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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

Pierre Nkurunziza

BURUNDI

« Tous les moyens sont bons pour prendre ou pour garder le pouvoir ». Machiavel.

Depuis le coup du « Balai citoyen » au Burkina en fin octobre de l’année dernière, les choses ne semblent plus vouloir rester dans leur statu quo un peu partout en Afrique. Les mouvements citoyens de beaucoup de pays, ces Machiavels de la rue, écument et rivalisent d’ardeur pour dissuader les dirigeants de confisquer le pouvoir. Ceux-ci se sont aussi passé le mot de ne point céder aux pressions de la rue. Il y a ceux qui tiennent ferme et ceux qui chancèlent. On voit déjà Pierre Nkurunziza, du Burundi, dans la deuxième catégorie.

Le couvercle de son pouvoir s’est soulevé sous la pression de la rue le 19 février dernier après la libération de Bob Rugurika. Le pouvoir s’était rendu compte que rien n’allait plus. Devant frondes et contestations tous azimuts, y compris au sein de son parti, de son propre porte-parole et du porte-parole de son parti, des femmes, des députés, des hauts cadres du parti, des centaines, dit-on, et même de la pression internationale, l’entêtement du président burundais était resté inflexible. Pourquoi a-t-il si peur de quitter le pouvoir ? A-t-il sur la conscience des crimes de sang ou autres malversations financières qui risquent de le poursuivre plus tard ? Il ne reste plus que le congrès qui doit se tenir en avril prochain pour désigner le candidat. Si le congrès se déroule dans la transparence et qu’il ne soit pas désigné, mais accepte de se soumettre, les frondeurs lui en seront gré de sa bonne foi de démocrate et lui voteront un statut d’ancien président ou une loi d’amnistie, qui le mettraient à l’abri d’éventuels soucis, et ce sera une porte de sortie pour celui qui avait trop tergiversé. Est-ce le calcul de Pierre Nkurunziza ?

On ne peut pas penser qu’il veuille à tout prix confisquer le pouvoir avec toutes ces contestations pour le simple plaisir de montrer aux autres chefs d’Etat qu’il tient ferme. Ce serait un suicide. Les membres de son parti qui ne veulent pas couler avec lui dans un naufrage collectif à la ‘’burkina-bouillabaisse’’, ont aussi pris les devants pour sauver la face et pour rebondir, contrairement au parti de Blaise Compaoré qui a tenu jusqu’au bout à modifier la constitution et qui se trouverait dans une mauvaise posture, en ce moment. La leçon est bien apprise, mais n’est-ce pas un peu tard, aux yeux de la Société civile et des autres partis rivaux ?

Même après Pierre Nkurunziza, il faudrait surveiller le Burundi comme le lait sur le feu…

 

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