Suite aux menaces reçues du réalisateur belge, Lambert Mende passe à l’interdiction définitive du documentaire de Thierry Michel en RDC.
Le film « L’homme qui répare les femmes » restera interdit sur toute l’étendue de la RDC. Le Gouvernement congolais a annoncé, hier jeudi 10 septembre, l’interdiction définitive du documentaire consacré au combat du gynécologue congolais Denis Mukwege en faveur de milliers de femmes violées dans l’Est, accusant son réalisateur d’avoir proféré des "menaces" contre un ministre de la RDC.
« Suite à des demandes d’un réexamen » de l’interdiction du film de Thierry Michel, réalisateur belge, en RDC et à l’étranger, "nous avions mis sur pied une commission chargée de corriger la traduction malencontreuse pour une plus fidèle, en vue d’une éventuelle autorisation de diffusion", a expliqué hier jeudi en conférence de presse Lambert Mende, qui avait signé l’autorisation de tournage de l’équipe. Seulement voilà, le porte-parole du Gouvernement a affirmé que le réalisateur n’avait « pas trouvé mieux » que de lui « adresser des menaces d’une violence incroyable », prédisant que, comme le dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997), il ne serait pas enterré dans son pays s’il refusait de "diffuser son documentaire en l’état".
« Qu’un étranger vienne menacer un ministre au lieu d’introduire un recours normalement contre une décision, on ne doit pas trouver cela normal. C’est pourquoi, la décision a été gelée. Pour moi, elle ne sera plus revue : ce film reste interdit », tranche le ministre Lambert Mende.
Que des regrets pour collette Braeckman
Face à la « décision finale" du ministre congolais de Communication et Médias, la journaliste belge Colette Braeckman, co-auteur du film, se désolidarise tout simplement de son compatriote Thierry Michel. Sur son blog, Colette Braeckman explique qu’elle a voulu trouver une « solution à l’amiable » avec Kinshasa, où elle s’est même rendue, afin que "nul ne perde la face et surtout que la population congolaise puisse prendre connaissance d’un film qui lui était destiné en premier lieu". Elle souligne qu’un « échec était parfaitement envisageable « parce que la RDC avait peut-être d’autres motifs pour justifier l’interdiction, mais accuse Thierry Michel d’avoir » torpillé une négociation qu’il savait imminente et délicate, en faisant connaître les conclusions de ses propres traducteurs et en interpellant maladroitement le ministre de l’Information congolais ».
Pourtant, Colette Braeckman reconnaît que " si une erreur de traduction avait dû être décelée, elle aurait pu être corrigée, ouvrant ainsi la voie à la levée du veto militaire". Regrettant que " cette solution à l’amiable aurait permis que nul ne perde la face et surtout que la population congolaise puisse prendre connaissance d’un film qui lui était destiné en premier lieu, bien avant les audiences diplomatiques et internationales ".
La journaliste belge, reçue au ministère de la Communication, admet y avoir trouvé un traducteur local swahiliphone convoqué la veille en prévision de la séance de visionnage. "Lambert Mende avait tenu le chef de l’Etat (Joseph Kabila) informé de ses échanges avec le cinéaste (Thierry Michel) et le président de la République avait tranché contre une diffusion du film en RDC ". " Plus rien n’était donc possible, la porte entr’ouverte avait claqué ", regrette Colette Braeckman dans ses écrits.
Répondant aux accusations des uns et des autres sur cette affaire, Lambert Mende fixe l’opinion sur la démarche de l’Exécutif. " Nous devons indiquer que le rôle du Gouvernement dans cette affaire n’est pas d’empêcher que le documentaire sur le Dr. Mukwege bénéficie d’une publicité gratuite ". " Notre seule préoccupation est d’éviter la démoralisation des FARDC dont l’implication dans la protection des femmes victimes de violences sexuelles était aussi importante sinon plus que celle du Dr Mukwege dont nous saluons une fois encore, en plus de le soutenir, les interventions en faveur des victimes de cette barbarie inqualifiable ", souligne le ministre de Communication. Assurant à tous " la détermination du Gouvernement à lutter contre ce fléau de violences faites aux femmes, surtout à l’Est de notre pays où le phénomène de viol est souvent utilisé comme arme de guerre ".
Rachidi Mabandu/Forum des As
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