C’est devant un public jeune et féminin, de bleu et blanc vêtu, que le long métrage ’’Kinshasa kids’’ (Les enfants de Kinshasa) du cinéaste belge Marc-Henri Wajnberg a été projeté hier jeudi 24 septembre au Lycée Molende, dans la commune de Matete. Dernière projection d’une tournée qui a démarré début septembre à Kinshasa, ce spectacle a récolté un franc succès, comme d’ailleurs les productions précédentes.
Bondée comme un œuf, la salle de spectacle du Lycée Molende a vibré lors de la projection de ’’Kinshasa kids’’. Dès midi, la salle était prise d’assaut par une centaine d’élèves des classes terminales. Quand Marc-Henri Wajnberg se pointe au devant de la scène, l’auditoire plonge dans un profond silence. Face à des adolescentes attentives, le cinéaste belge explique le contexte qui l’a poussé à réaliser ce film.
"Au départ, quand je suis arrivé ici à Kinshasa il y a quatre à cinq ans, je tenais à réaliser un film documentaire sur cette ville qui regorge une diversité de groupes musicaux, relate-t-il. Mais quand j’ai vu le nombre élevé d’enfants qui vivaient dans la rue, j’ai dû changer d’objectif. J’ai alors jugé utile de réaliser carrément un film sur ces enfants abandonnés par leurs foyers".
LE DRAME DES ENFANTS DE LA RUE
Et quand les lampions s’allument, les regards des élèves du lycée Molende se fixent sur l’écran. L’histoire est passionnante, voire émouvante. Le récit démarre sur une scène d’exorcisme. Un pasteur de Kinshasa se met en vedette en arrachant, du ventre des enfants et des femmes accusés de sorcellerie, des morceaux de viande et des grenouilles. Admiré par les familles qui lui emmènent leurs proches envoûtés, le pasteur taxe de sorciers tous les enfants qu’on lui présente, particulièrement par leurs marâtres qui tiennent à s’en débarrasser.
José et Emma, deux enfants taxés de sorcellerie, se retrouvent dans cette catégorie. Maltraités et pourchassés par leurs marâtres, ils désertent le toit parental et se réfugient dans la rue. Ils y rejoignent les 30.000 enfants qui squattent dans les places publics, particulièrement les marchés et certains bidonvilles. Pour survivre, ils s’adonnent à de petits métiers.
LES ELEVES DU LYCEE DANS L’EUPHORIE
Subjugués par les talents de Bebson de la rue, un vieux rappeur qui répétait avec son groupe sans trouver producteur, ils apprennent à chanter et créent même un groupe de rap. Au studio, ils croisent Papa Wemba qui enregistrait son album. Profitant de l’occasion, un producteur leur offre l’opportunité de livrer un concert avec la star congolaise. Mais, la malchance s’en mêle. Ils ne peuvent monter sur le podium à l’absence de Bebson, coincé dans un embouteillage.
Les jeunes artistes décident, malgré tout, d’offrir un spectacle au public sans un quelconque producteur. Le spectacle se déroule sur le toit, à la grande satisfaction d’une foule en délire qui découvre, non seulement les jeunes talentueux, mais aussi le vieux Bebson...
La chanson ’’Boum boum chaka’’, composée par ces adolescents, récolte un franc succès, aussi bien sur scène que dans la salle du lycée Molende où les élèves ne cessaient de scander en chœur ce refrain, cinq minutes après la fin du film, applaudissant de manière frénétique les jeunes acteurs, présents dans la salle.
SATISFACTION DU BOURGMESTRE
Présente dans la salle, Cathérine Brahy, la Déléguée de la Communauté Wallonie-Bruxelles, est aux anges. De même, le bourgmestre de Matete, Thierry Gaibene, qui est sorti satisfait de la salle, après avoir visionné ce film qui rejoint son souci de solutionner ce problème récurrent d’enfants en rupture familiale et d’enfants sorciers.
"J’encourage, dit-il, l’initiative de Marc-Henri Wajnberg qui s’est penché sur ce phénomène qui mine notre société. Je lui promets mon soutien et je vais continuer à lutter contre l’irresponsabilité de ces parents qui abandonnent leurs enfants, taxés de sorciers. J’ai moi-même déjà initié des actions en justice contre un parent qui a chassé un enfant de son toît, sous prétexte qu’il était sorcier".
FRANC SUCCES
Marc-Henri Wajnberg lui-même est satisfait du franc succès récolté par son film projété au courant de ce mois de septembre dans les communes de Ngaba, Masina, Kimbanseke, Kalamu, Kasa-vubu, Bandalungwa, Matete, Gombe et Ngaliema, grâce au concours du Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa. Il promet de projeter de nouveau ’’Kinshasa kids’’ en octobre lors de la semaine du film européen.
"Je suis aujourd’hui satisfait de voir que certains de acteurs que nous avons recrutés lors du casting organisé au marché de Gambela ont récolté du succès sur l’échiquier international, reconnaît Wajnberg C’est le cas de Rachel Mwanza, que j’ai découverte, qui séjourne aujourd’hui au Canada, après avoir gagné plusieurs prix à travers le monde avec le film Rebelle. Les autres acteurs, qui ont aujourd’hui grandi, sont aujourd’hui scolarisés et réinsérés dans la société. Je paie leurs études et j’ai aussi pris en charge la production de l’album de Bebson".
Yves KALIKAT /forum des as
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