Dans son Programme d’Urgence présenté le week-end dernier à la nation, le nouveau Président congolais n’a nullement mentionné la culture parmi les 9 secteurs d’activités principales et prioritaires à réaliser durant les 100 premiers jours de son mandat à la tête du géant RDC. Est-ce que Félix Tshisekedi l’a fait à dessein ou c’est vraiment un oubli de sa part ? Toutefois, la question reste pendante dans les esprits des professionnels de la culture qui n’en reviennent pas. Certains jugent inadmissible que la culture qui est l’identité d’un peuple soit jetée dans les oubliettes en plein 21èmesiècle. Or, un peuple qui tourne le dos à sa culture est un peuple sans repère, dit-on.
Qu’à cela ne tienne, le Collectif des Artistes et Culturels du Congo, «CAC», s’en remet aux législateurs parmi lesquels une dizaine d’artistes ont été élus députés nationaux et provinciaux sur l’ensemble du pays.
Constituée de tous les créateurs des œuvres de l’esprit en RDC, CAC a encore, une fois, réitéré son soutien à artistes élus Députés, qui siègent désormais au Parlement. Il s’agit de Paul BALENZA, Ados NDOMBASI, Jean Goubald KALALA, Dhedhe MUPASA ainsi que Vital SUNZU. Ces nouveaux élus venus du monde culturel ont été présentés et honorés à leur juste valeur par le Collectif au cours d’une soirée exceptionnelle organisée, à Léon Hôtel à Kinshasa.
Les Artistes congolais, toute discipline artistique confondue (photographie, sculpture, cinéma, comédie, musique, danse, etc.) ainsi que d’autres invités de marque ont été conviés à cette manifestation pour congratuler les leurs qui ont été élus respectivement, Députés nationaux et provinciaux lors des dernières élections de 2018.
Une ambiance bon enfant a marqué cette rencontre qui a été caractérisée par le message du Coordonnateur du CAC.
Les artistes élus placés devant leur responsabilité
Au-delà des réjouissances, souligne Paul Ngoie Le Perc, cette réception est un signal fort et une occasion de rappeler encore aux Elus culturels leur mission ultime au Parlement qui consiste à protéger et défendre les droits des artistes en RDC.
L’occasion faisant les larrons, le CAC a remis un mémorandum reprenant toute une série de leurs recommandations et revendications aux Députés venus du secteur de la culture. Rappelons que ce mémorandum adressé au Chef de l’Etat a été déposé, depuis 1er février dernier, à la présidence de la République qui n’a jamais donné la suite jusqu’à présent.
Selon le Coordonnateur du CAC, ce mémo dresse le profil du prochain Ministre de la Culture et des Arts que les artistes souhaitent voir à la tête de ce ministère.
«Nous voulons quelqu’un qui a le bon sens et qui connaît le rouage du secteur culturel congolais. Il doit être un professionnel de la culture qui maîtrise notre environnement dans toute sa diversité. Cette personne doit être un bon manager et surtout ambitieuse de faire de la culture un moteur de développement socioéconomique en RDC», a-t-il signifié.
De leur côté, les élus du peuple qui ont saisi la balle au bond, ont promis de suivre à la lettre toutes ces revendications.
Pour Ados NDOMBASI, cette initiative du CAC est un message très fort à l’attention de la nation congolaise et surtout à ses dirigeants. « Je suis contraint de travailler en sorte que les conditions de vie de l’artiste et de l’opérateur culturel soient améliorées en RDC. Avec mes collègues, nous allons-nous battre au Parlement afin que l’artiste congolais puisse avoir un statut juridique pour qu’il soit protégé et pour qu’il bénéficie aussi de ses droits, sur le plan économique», a déclaré l’Elu de la Funa à Kinshasa.
L’idéal est que le pays soit doté d’une politique culturelle efficace, qui va redynamiser et moderniser le secteur. « Nous voulons aussi que la culture puisse apporter des milliards de dollars au trésor public. Et cela n’est possible que si la RDC parvient à mettre en place des lois spécifiques qui peuvent bien réglementer le secteur de la culture», a-t-il renchéri.
Paul Balenza appelle ses collègues à la conscience
Par contre, le Député Paul BALENZA a appelé l’artiste à faire un examen de conscience et surtout à comprendre son rôle et sa responsabilité dans la société. Car, il n’est pas question seulement d’interpeller les parlementaires à voter ou faire suivre des lois. «Je pense que les responsabilités sont aussi partagées. Il ne faut pas seulement que la tâche revienne aux Députés que nous sommes mais aussi à chaque artiste. Nous devons réparer certaines choses par rapport à l’exercice de notre profession au regard de la société. Il est temps d’améliorer aussi notre art. Que les musiciens-chanteurs améliorent leur texte et les danseurs fassent un effort de revisiter leurs pas de danse, qui ne cadrent pas parfois aux mœurs. Prenons notre tâche au sérieux et nos responsabilités. Ainsi, nous n’allons plus pleurnicher…», a-t-il martelé.
«Savez-vous que ce genre d’évènement n’arrive pas souvent dans notre secteur. Nous remercions les membres de cette asbl à qui nous donnons notre confiance et notre disponibilité à travailler avec eux», a déclaré Dhedhe MUPASA, opérateur culturel et Député national, élu d’Idiofa.
Rappelons que le CAC prévoit encore d’organiser dans les jours à venir d’autres activités de grande envergure afin d’éveiller le secteur culturel congolais.
Jordache Diala / La pros
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