En République démocratique du Congo (RDC), lors d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron, Félix Tshisekedi s'est interrogé sur l'impact éventuel de la crise dans l'Est du pays sur le calendrier électoral. La présidentielle notamment est prévue le 20 décembre 2023. Des propos du chef de l’État qui indignent au sein d’une partie de l'opposition politique.
« Est-ce qu’il faut stopper le processus d’enrôlement des électeurs en attendant que la paix revienne, avec le risque que cela impacte le respect du calendrier ? » Cette question, posée par Félix Tshisekedi le 4 mars 2023, durant une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, a provoqué l’indignation au sein d’une partie de l’opposition congolaise.
La République démocratique du Congo (RDC) s’est lancée le 24 décembre 2022 dans une vaste campagne d’enrôlement des électeurs, zone géographique par zone, en vue des prochaines échéances électorales et notamment de la Présidentielle, prévue le 20 décembre 2023. Une campagne qui, selon le chef de l’État, serait donc en péril, en raison entre autres de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, où les Forces armées de la RDC (FARDC) affrontent plusieurs mouvements et milices, notamment la rébellion du M23.
« Faut-il continuer le processus en ne prenant pas en compte les populations nombreuses de déplacés de guerre ? C’est cela qui peut poser problème », s’est encore interrogé Félix Tshisekedi, samedi dernier.
« C’est au président d'évacuer, d'éliminer tous ces risques »
« La question est pertinente, mais seulement c'est à lui de donner la réponse, réagit Adolphe Muzito, candidat à la présidentielle et fondateur du parti Nouvel Elan. Puisqu'il y a ces risques, c'est à lui, qui est aux responsabilités du pays, d'évacuer, d'éliminer tous ces risques, pour que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels ».
Pour Chérubin Okende Senga, ancien ministre des Transports de Félix Tshisekedi et désormais porte-parole d’un Moïse Katumbi candidat à l'élection présidentielle, la justification brandie par le président ne tient pas. « La situation à l'est du pays ne devrait pas constituer un prétexte pour le président Tshisekedi, affirme-t-il. Je dois rappeler que lui-même, à l'orée de son investiture, avait promis au peuple congolais d'établir son état-major à l'est du pays, pour éradiquer les forces étrangères et toutes les forces négatives. Quatre ans après, c'est une incapacité de pouvoir de la part du régime en place de pouvoir restaurer la paix dans cette partie de la République ».
« Monsieur Tshisekedi le 23 janvier 2024 à minuit doit partir »
Pour Martin Fayulu, le leader du parti ECIDE, quoi qu'il arrive, report ou non, Félix Tshisekedi devra quitter son poste dans les délais. « L'article 70 de notre Constitution dit que le Président de la République est élu pour un mandat de 5 ans et Monsieur Tshisekedi le 23 janvier 2024 à minuit doit partir, insiste-t-il. Maintenant organiser les élections plus tard ou autre chose, ça, ça n'a rien à voir avec le mandat. Il l'a soutenu sur vos antennes au mois de septembre dernier : que le président de la commission électorale lui avait dit que les élections se tiendront à date, et qu’il n'avait pas de raison de mettre cela en doute. Il était rassuré. Et il va venir aujourd'hui, parce qu'il voit qu’on surveille de près la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) et que sa fraude ne peut pas passer, il veut évoquer le problème de l'insécurité à l'Est pour rester sur son fauteuil ».
Une Ceni dont le président, Denis Kadima, a tiré la sonnette d’alarme le 6 mars dernier sur la chaîne Télé 50, sur la situation financière de l’institution chargée de l’identification et de l’enrôlement des électeurs.
rfi
Application de CComment' target='_blank'>CComment