À une semaine de la fin de dépôt des candidatures à la présidentielle prévue le 20 décembre, en République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu, qui avait déjà boycotté le processus électoral, est revenu sur sa décision ce samedi 30 septembre.
Martin Faylu a annoncé ce samedi après-midi à Kinshasa lors d’une conférence de presse le dépôt dans les prochains jours de sa candidature à la présidentielle.
Les cadres de sa coalition, Lamuka, avaient suivi son mot d’ordre en refusant de déposer leurs candidatures aux législatives nationales et provinciales en juillet dernier. Un revirement pour Martin Fayulu qui espère pouvoir obtenir la transparence dans l’organisation des élections avant ou pendant le scrutin. « Ayant entendu la demande pressante de la population, la coalition Lamuka, a décidé de déposer ma candidature pour la présidentielle de décembre 2023. Comme nous n’avons pas eu la transparence par l’audit du fichier électoral, nous l’aurons dans la surveillance des élections. »
La coalition Lamuka a décidé de déposer ma candidature pour la présidentielle de décembre 2023. Nous allons continuer à nous battre pour exiger davantage la transparence des élections. Comme nous n'avons pas eu la transparence par l'audit du fichier électoral, nous l'aurons dans la surveillance des élections....
La transparence des élections, c'est ce que l'ancien cadre d'Exxon Mobil exige depuis sa défaite en 2018. Cinq ans après, l'opposant affirme toujours que la victoire lui a été volée. Pour permettre un meilleur contrôle cette fois-ci, son parti fait pression pour que les résultats des élections soient annoncées par chaque bureau de vote.
Selon nos informations, certains cadres de la coalition, n’ont pas approuvé sa décision d'entrer dans la course présidentielle. Mais pour l’opposant Devos Kitoko, secrétaire général du parti Ecidé, cette décision était « consensuelle, prise par la majorité des membres du collège des présidents ». Comment compte-t-il gouverner sans députés à l’Assemblée nationale ? Martin Fayulu affirme qu’il travaillera « avec les députés qui seront élus ».
Une attitude conforme à la posture actuelle de son principal challenger, le président Felix Tshisekedi. Élu fin 2018 sans majorité, le président avait réussi à imposer les couleurs de son parti UDPS dans la chambre basse, en débauchant des députés du Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur, Joseph Kabila. Le camp de Kabila avait dénoncé à l’époque un coup d’État institutionnel.
Le retour d'un poids lourd de l'opposition dans la course
Cette candidature n'est pas une surprise pour Albert Malukissa, professeur à l'Université catholique du Congo, doyen de la faculté de sciences politiques et membre de l'Institut Ebuteli. Pour lui, si Martin Fayulu ne s'était pas présenté, il prenait le risque de disparaître dans les cinq ans à venir de la scène politique congolaise.
Cette candidature, c'est le retour d'un poids lourd de l'opposition dans la bataille présidentielle. Martin Fayulu était le candidat de la coalition Lamuka en 2018 face au même Félix Tshisekedi. En se positionnant à nouveau dans la course, Martin Fayulu relance le débat sur la nécessité pour l'opposition de s'accorder autour d'une candidature unique.
Par ailleurs, en interne, au sein de sa formation, la candidature de Martin Fayulu risque de provoquer quelques remous selon l'analyste de l'Institut Ebuteli, Trésor Kibangula. Il rappelle que Martin Fayulu avait conditionné sa participation à l'audit du fichier électoral et n'avait pas permis à ses lieutenants de concourir aux législatives. Ceux-ci ont donc renoncé à se présenter, alors que lui, aujourd'hui, finalement, décide d'être candidat.
rfi
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