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POLITIQUE

L'actualité Politique de la semaine en RDC

Un contrat d’armement de 500 millions de dollars, négocié par le vice-premier ministre chargé de la défense, Jean-Pierre Bemba, soulève des suspicions de corruption et de malversations financières. Ce scandale met en lumière les tensions internes et les risques liés à la course à l’armement en RDC, tout en exposant les défis de transparence et de gouvernance auxquels le pays est confronté.

Kinshasa, 16 mai 2024 – Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) intensifie ses efforts pour renforcer son arsenal militaire, des négociations récentes soulèvent des questions et des inquiétudes. Au cœur de cette controverse, un contrat d’armement de 500 millions de dollars négocié par Jean-Pierre Bemba, vice-premier ministre chargé de la Défense, attire l’attention et suscite des doutes parmi les conseillers du président Félix Tshisekedi.

Dans sa lutte contre le M23 et la Rwanda Defence Force (RDF), le président congolais mise sur une stratégie aérienne pour pallier les déficiences des opérations au sol des Forces armées de la RDC (FARDC). Kinshasa cherche ainsi à renforcer sa capacité d’action offensive par l’acquisition de nouveaux aéronefs, notamment des drones d’attaque.

Selon un article de Africa Intelligence consulté par POLITICO.CD, Jean-Pierre Bemba a mené des discussions avancées avec TFM Defence & Aerospace, une société basée à Johannesburg, pour l’acquisition de drones de combat chinois. TFM Defence & Aerospace, filiale de Ritam Holdings, dirigée par Mcebisi Mlonzi, a laissé entendre qu’elle pouvait fournir rapidement des drones de combat, malgré des suspicions de malversations financières autour de cette entreprise. 

Couacs juridiques et soupçons de surfacturation

Les négociations initiales portaient sur des modèles de drones Wing Loong II, produits par la holding publique Aviation Industry Corporation of China (AVIC). Par la suite, elles ont évolué vers les modèles TW-328, fabriqués par la société privée chinoise Sichuan Tengden Technology. Cependant, ces drones n’ont jamais été exportés ni testés en situation de guerre, ce qui a conduit certains experts à remettre en question leur efficacité.

Toujours selon Africa Intelligence, « les négociations ont d’abord porté sur des Wing Loong II, produits par la holding publique Aviation Industry Corporation of China (AVIC). Puis, le deal a évolué vers des TW-328 fabriqués par la société privée chinoise Sichuan Tengden Technology. »

L’accord, portant sur l’acquisition de six puis de douze aéronefs, ainsi que de l’artillerie, s’élève à 500 millions de dollars. Pour décrocher ce contrat, des émissaires de TFM ont proposé de payer une partie en actifs pétroliers ou miniers. Ils ont également évoqué un partenariat avec Sichuan Tengden pour la production de ces drones en Afrique du Sud et des liens étroits avec l’administration du président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Cependant, ces arguments ont été réfutés par les conseillers du président Tshisekedi, notamment Mandungu Bula, alias « Kao ». Ils ont été alertés sur les risques juridiques et financiers par les services de la ministre sud-africaine de la défense, Thandi Modise, et l’homme d’affaires sud-africain Robert Gumede. Toujours selon Africa Intelligence, « les services de la ministre sud-africaine de la défense, Thandi Modise, les ont même mis en garde contre le risque juridique et financier d’un tel deal. »

Fin 2023, trois des neuf drones CH-4 commandés par la RDC via le courtier Agemira ont été déployés sur l’aéroport militaire de Kavumu, dans le Sud-Kivu. Après quelques opérations réussies, les trois drones sont devenus hors d’usage, deux ayant été ciblés par des tirs et le troisième ayant subi un accident. Ce contrat avait été initialement bloqué par le ministre des finances, Nicolas Kazadi, en raison de soupçons de surfacturation.

Africa Intelligence rapporte que « ce deal avait été un temps bloqué par le ministre des finances, Nicolas Kazadi, qui suspectait Agemira de surfacturation. »

1/4 du Budget national dédié à l’armement

La RDC est confrontée à des conflits persistants dans ses provinces orientales, notamment avec le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Le M23 contrôle une grande partie du Nord-Kivu, riche en minerais, et prétend défendre les droits des Tutsis congolais. Cette agression rwandaise a poussé le gouvernement congolais à augmenter ses dépenses militaires pour protéger son territoire et ses citoyens.

Le ministre des finances, Nicolas Kazadi, a déclaré que 27 % des revenus du premier trimestre 2024 ont été consacrés à des dépenses de sécurité. La majeure partie de ces fonds est utilisée pour combattre le M23, ce qui a obligé le gouvernement à réduire ses investissements prévus, exacerbant les défis économiques du pays.

Alors que la RDC tente de renforcer son arsenal militaire pour faire face aux menaces sécuritaires, les négociations controversées autour du contrat d’armement de 500 millions de dollars mettent en lumière les défis de transparence et de gouvernance. Les accusations de corruption et de détournement de fonds impliquant Jean-Pierre Bemba et d’autres responsables soulèvent des questions cruciales sur l’intégrité des processus d’achat militaire et la gestion des ressources publiques.

Face à ces révélations troublantes, des appels à une enquête approfondie et transparente se multiplient. La lutte contre la corruption doit rester une priorité pour garantir que les fonds destinés à la défense soient utilisés de manière appropriée et efficace, assurant ainsi la sécurité et la stabilité du pays.

Politico.cd

 

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