Dans l’est de la RDC, des combats se poursuivent, ce jeudi 23 janvier au matin, autour de la cité de Sake, à une vingtaine de kilomètres de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Les Forces armées congolaises et leurs alliés affrontent les combattants du M23, soutenus par l’armée rwandaise.
Les affrontements assez violents ont commencé aux alentours de 4 heures ce jeudi matin dans l'est de la RDC. Des bombardements venus des positions du M23 et des militaires rwandais sur les forces congolaises à Sake. Des détonations sont régulièrement entendues jusqu’à l’ouest de Goma. Les responsables de l'armée congolaise à l'est ont déclaré l'utilisation d'hélicoptères militaires en appui aérien aux soldats au sol et affirment que que toutes les dispositions ont été prises pour sécuriser et protéger la capitale provinciale.
Ces combats ont déjà provoqués d’importants mouvements de population. Plusieurs camps de déplacés sont situés à l’ouest de Goma sur la route qui mène à Sake. On estime à qu’il y a environ 600 000 personnes déplacées dans les alentours de la capitale provinciale, à l’ouest, mais aussi au nord, dans plusieurs camps. Dans la ville, certaines écoles ont renvoyé les élèves chez eux.
L'armée congolaise, les FARDC, et les Wazalendos, les groupes d’autodéfenses alliés de Kinshasa, ne sont pas seuls dans cette zone de Sake. Il y a des forces de la Monusco, la mission onusienne, et de la SAMIDRC, ce sont les troupes de la communauté d’Afrique australe, principalement des troupes sud-africaines. D’ailleurs, la ministre de la Défense d’Afrique du Sud est censée être sur place à la mi-journée. Selon plusieurs témoins des chars de la Monusco et de la SADC ont été vus en direction du front.
Intensification des combats
Les combats s'intensifient depuis l’échec du sommet de Luanda mi-décembre. Le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, le disait lui-même sur notre antenne ce matin. Le processus de Luanda peine à être réactivé. Depuis début janvier, les experts sont assez pessimistes quant à de nouvelles négociations. Le Rwanda exige des pourparlers directs entre le groupe armé et le pouvoir congolais. Alors que pour la RDC, c’est une ligne rouge non négociable depuis le début des hostilités.
Kinshasa continue de réclamer des « sanctions ciblées » contre le Rwanda. Une idée qui n’est plus tabou de l'aveu de diplomates occidentaux. Reste à convaincre les pays africains actuellement membres du Conseil de sécurité des Nations unies et ce sera l’un des enjeux de la délégation congolaise au prochain sommet de l’Union africaine (UA) mi-février. Alors face aux évolutions très rapides sur le terrain, est-ce que les choses peuvent s’accélérer ? Est-ce qu’il peut y avoir un regain de la pression diplomatique sur Kigali ? Ce sont encore des questions en suspens.
Médecins sans frontières alerte sur le « coût humain » des combats au Kivu
En RDC, MSF alerte sur le « coût humain », de l'intensification des combats au Nord-Kivu et à Kalehe au Sud-Kivu. Outre un afflux de déplacés, l'organisation s'inquiète de voir arriver de plus en plus de blessés de guerre dans les structures de santé où travaillent ses équipes. Et de plus en plus de civils. « Depuis les premiers jours du mois de janvier, on est face à un afflux de blessés de guerre. On parle de gens anciens porteurs d'armes, mais davantage civils. Juste pour vous donner une idée, au niveau de Massissi, on parle d'une centaine de blessés, au niveau de Kalehe, à l'hôpital de Minova et au centre hospitalier de Numbi, presque 300 blessés. Donc ça fait déjà 400. Et si on ajoute dans les structures de référence à Goma et à Bukavu, appuyé entre autres par le CICR, on est aussi à une capacité en lits qui est saturée », affirme Emmanuel Lampaert, représentant de MSF en RDC, joint par Florence Morice, du service Afrique de RFI. Le type de blessure a-t-il évolué ? « Au niveau des structures de référence, on voit des blessés par explosion. Donc artillerie lourde, roquettes, etc. Mais ce qui est surtout interpellant, c'est le nombre croissant de civils blessés. »
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