La République démocratique du Congo va juger ses trois soldats accusés de viol en Centrafrique, où ils sont déployés dans le cadre d’une mission de paix de l’ONU, a-t-on appris jeudi de source judiciaire congolaise.
«J’ai donné injonction aujourd’hui même au général [Joseph] Ponde, auditeur général des forces armées, pour engager des poursuites» sur la base du «dossier que l’ONU mettra à notre disposition», a déclaré à l’AFP Alexis Thambwe Mwamba, ministre congolais de la Justice.
Il a ajouté que la RDC ne pouvait pas «tolérer» de tels actes, et que les militaires concernés seraient rapatriés et jugés devant une cour militaire.
«Il a été rapporté que ces trois membres du contingent militaire congolais ont chacun eu des relations sexuelles avec deux jeunes femmes, âgées de 18 et 19 ans, ainsi qu’avec une mineure âgée de 15 ans», et qu’elles auraient subi des pressions pour garder le silence, précise une notification du secrétariat de l’ONU daté du 18 août, que l’AFP a pu consulter.
Le document précise que deux Congolais auraient reconnus les faits et payé dans un cas 100.000 FCFA (environ 152 euros) et dans l’autre 250.000 FCFA à la mère des deux filles les plus âgées - dont l’une est enceinte, tandis que l’autre a dit avoir eu des «rapports (...) consensuels».
Le secrétariat souligne que la présente affaire est la quatrième du genre pour le contingent et avertit que des sanctions pourraient tomber si de tels incidents étaient à nouveau signalés ou si la RDC n’y mettait pas fin.
- «Montage» -
Une source proche du dossier à Kinshasa a déclaré à l’AFP qu’une délégation partirait bientôt en Centrafrique pour enquêter, même si la RDC préférait des investigations «indépendantes» pour éviter toute contestation.
Mais dans un rapport d’enquête daté du 18 août, que l’AFP a pu consulter, le contingent congolais en Centrafrique souligne que ses trois hommes sont victimes d’un «montage» orchestré par l'«oncle» des trois jeunes filles, qui a depuis démenti ses «mensonges».
Une porte-parole de l’ONU a annoncé mercredi que trois Casques bleus de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) ont été mis en cause dans trois nouveaux cas de viols et ce, une semaine après le renvoi du chef de la mission onusienne dans ce pays pour des faits similaires.
D’après plusieurs sources les faits se sont produits dans la ville de Bambari, au nord-est de Bangui, la capitale centrafricaine.
Suite à cette nouvelle affaire, des responsables onusiens avaient donné dix jours à la RDC pour décider de l’éventuelle ouverture d’une enquête, faute de quoi l’ONU en ouvrirait une.
La Minusca, forte de 12.000 Casques bleus, fait face à au moins 61 accusations de fautes, dont 12 concernant des cas d’abus sexuels.
Le général sénégalais Babacar Gaye a été écarté de la tête de la mission après une série d’accusations d’abus sexuels contre des enfants. Il a été remplacé le 13 août par le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga.
Après le renvoi du général Gaye, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait qualifié les cas d’agressions sexuelles imputées à des Casques bleus de «cancer dans notre système».
La RDC a été ravagée par deux guerres entre 1996 et 2003 et la moitié du pays reste aujourd’hui déchirée par des conflits armés.
L’ONU dénonce régulièrement les viols dont sont victimes chaque année des milliers de femmes, et qui sont commis tant par les groupes armés que par les troupes régulières.
Le président congolais Joseph Kabila a nommé le 9 juillet 2014 une conseillère spéciale en matière de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement d’enfants: Jeannine Mabunda Lioko Mudiayi.
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