Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a facilement donné son feu vert ce vendredi 7 février à l'ouverture d'une enquête sur les exactions commises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une offensive éclair du groupe armé M23 et des troupes rwandaises.
"Aujourd'hui le monde tient à ce que la situation dans l'est de la RDC puisse se terminer rapidement. C'est aussi le signe que le monde veut que les bourreaux puissent être connus et punis", a réagi le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya, auprès de journalistes à Genève.
Le projet de résolution présenté par la République démocratique du Congo a été adopté sans vote, à l'issue d'une session extraordinaire, par les 47 États membres du Conseil.
"Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l'est, mais aussi au-delà de la RDC", avait alerté pour sa part le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, affirmant que le risque d'escalade de la violence dans la région "n'a jamais été aussi élevé".
"Près de 3.000 personnes ont été tuées"
Kinshasa avait demandé cette réunion après que le M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières. Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans en dépit de nombreuses interventions diplomatiques, a connu ces dernières semaines un fulgurant développement.
La résolution demande au M23 et au Rwanda "de mettre immédiatement fin aux violations des droits de l'homme et atteintes à ces droits ainsi qu'aux violations du droit international humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu". L'enquête sera menée en deux temps.
"Une mission d'établissement des faits" doit rapidement être montée par Volker Türk. Elle devra présenter un rapport complet dès septembre. Ces experts devront notamment "recueillir, rassembler et analyser les preuves" des violations et "identifier, dans la mesure du possible, les personnes et les entités responsables", explique la résolution
Une "commission d'enquête indépendante", le plus haut niveau d'enquête du Conseil, prendra ensuite le relais.
"Depuis le 26 janvier, près de 3.000 personnes ont été tuées et 2.880 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés", a indiqué Volker Türk.
"Mon équipe est en train de vérifier de multiples allégations de viol, de viol collectif, et d'esclavage sexuel à travers les zones de combat", a-t-il expliqué, se disant "très préoccupé par la prolifération d'armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcé d'enfants".
"Faites taire les armes, arrêtez l'escalade"
La capitale de la province du Sud-Kivu, Bukavu, se prépare vendredi à être attaquée par le M23 et ses alliés rwandais.
"Aujourd'hui la communauté internationale regrette de ne pas être intervenue en 1994 pour stopper le génocide (rwandais, ndlr). La RDC voudrait interpeller cette communauté internationale pour dire, attention, le même président Kagame, dont le peuple a été victime d'un génocide, est en train de faire la même chose", a affirmé Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre du Commerce extérieur, lors d'un point avec la presse à Genève jeudi.
En plus de trois ans de conflit, l'armée congolaise, réputée mal formée et minée par la corruption, n'a cessé de reculer dans l'Est du pays. Plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier.
"Faites taire les armes, arrêtez l'escalade", a exhorté jeudi le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
La communauté internationale et des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali.
AFP
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