En RDC, 12 personnes ont été tuées à Kinshasa ce lundi. Des violences attribuées à des sympathisants de la secte Bundu dia Kongo. La police congolaise assure que la situation est désormais redevenue calme à Kinshasa, tout comme à Boma et Matadi, deux villes du Congo Central où des manifestations avaient aussi été signalées dans la matinée.
Vers 9h, des manifestants portant des bandeaux rouges défilent près de la prison centrale de Kinshasa. Plusieurs témoins disent avoir entendu des tirs. La police intervient, usant de gaz lacrymogènes. Même mouvement de protestation signalé dans la région du Congo Central, notamment à Boma et à Matadi.
Selon un bilan officiel, 12 personnes ont été tuées au cours de ces violences. Il s'agirait de victimes de « balles perdues », précisent les autorités, qui annoncent plusieurs arrestations. Les forces de sécurité ont également enregistré des pertes importantes.
La police attribue ces violences à des sympathisants du parti Bundu dia Malaya*. Selon un communiqué de la police, ces personnes étaient armées de calibre 12 et d'armes blanches. « Ils veulent le départ des dirigeants qui sont actuellement en place », déplore le colonel Mwanamputu Empung, le porte-parole de la police. « C'est pas comme ça qu'il faut le faire. Il faut aller aux élections », insiste ce responsable.
Créé en 1986 par Ne Mwada Nsémi, ce mouvement politico-religieux reste marqué par la répression sanglante de l'un de ses rassemblements à Luozi par la police en 2008.
* Le parti politique Bundu dia Mayala est né de la secte mystico-religieuse Bundu dia Kongo.
Qu'est-ce que la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo ?
Un coquillage dans une étoile cerclée de rouge, jaune et bleu sert d’« étendard » au Bundu dia Kongo. Littéralement « Union des Ba Kongo » le mouvement prône la restauration d’un royaume dont l’autorité s’étendait au XVIe siècle sur l’ouest de la RDC, l’Angola, le Congo-Brazzaville et le Gabon.
Mwanda Nsemi, prophète autoproclamé et partisan d’un panafricanisme basé sur l’ethnie fonde à la fin des années 1960 la secte qui donnera naissance à un parti politique, Bundu dia Mayala.
En son nom, Mwanda Nsemi est élu à deux reprises à l’Assemblée nationale. D’abord « partisan » du maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà de son mandat constitutionnel, son parti n’obtient qu’un poste de vice-ministre dans le gouvernement Badibanga fin 2016, et son discours change radicalement.
Ce sont alors des appels à l’insurrection et à renverser le président, qu’il accuse d’organiser la « colonisation » du Congo par le Rwanda. Arrêté puis emprisonné dans la capitale à la prison de Makala il est délivré avec plus de 4000 autres détenus lors d’une évasion spectaculaire à la mi-mai. Trop spectaculaire, selon Valentin Mubake de l’UDPS, qui n’hésite pas à parler de « mise en scène » pour maintenir « l’Etat d’urgence nécessaire au report des élections ».
Avec RFI
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