Le prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege appelle ce dimanche la Belgique à intervenir dans la crise entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, que Kinshasa accuse de soutenir la rébellion du M23.
« L'agression du Rwanda à travers le M23, ce n'est pas une nouvelle chose ». À Bukavu, le docteur Denis Mukwege, qui s'exprime à l'occasion de la visite du roi des Belges et de son épouse à son hôpital de Panzi, interpelle le couple royal sur la montée de tensions avec le Rwanda voisin.
« Cette visite royale est un acte de courage exceptionnel (...), nous rendre visite en ce moment, où le Congo est victime d'une énième agression, est un acte humanitaire fort », estime-t-il, alors que des combats violents sont de nouveau signalés dans la province voisine du Nord-Kivu entre les forces gouvernementales et le M23, une ancienne rébellion tutsie vaincue en 2013 et réapparue en fin d'année dernière.
Non loin d'ici, dans le Nord-Kivu, les bruits des bottes du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, réveillent les tourmentes de notre population. Les trois dernières décennies ont été jalonnées de massacres horribles, de déplacements massifs de populations, mais également de viols et de violences de toutes sortes.
Denis Mukwege, médecin gynécologue-obstétricien et fondateur de l'Hôpital Panzi à Bukavu
« La Belgique a une expertise sur le Congo (...), ce qui lui donne une certaine responsabilité », affirme le Dr Mukwege. Contre « la violence qui se passe actuellement au Congo, la Belgique peut jouer un rôle très important », dit-il avant de rappeler qu'en 2012, quand le M23 avait « attaqué pour la première fois, le président des États-Unis Barack Obama avait appelé (...) le président rwandais pour lui demander d'arrêter ». « Une semaine après, ce mouvement s'était replié au Rwanda, donc cet appel téléphonique nous a donné la paix pendant dix ans », ajoute-t-il.
« L'agression est claire, il faut la nommer, et la Belgique peut le faire », insiste Denis Mukwege en s'adressant au couple royal, en visite de six jours en République démocratique du Congo. « Je pense que la Belgique peut porter un plaidoyer très fort auprès de l'Union européenne et au niveau des Nations unies ».
Rfi
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